« Quel que soit le traitement, la perte d’appétit est une constante, remarque Gaëlle Soriano, diététicienne au CHU de Toulouse. L’inquiétude suscitée par l’annonce du diagnostic réduit la sensation de faim. Même les plats les plus appétissants ne font plus envie. Il faut donc s’adapter à cette situation et fractionner les repas : multiplier les petites collations, en proposant de petites quantités de nourriture les plus riches possible sur le plan nutritionnel. On peut ajouter des ingrédients comme le fromage, le lait en poudre, le jaune d’œuf, pour enrichir le repas et apporter le maximum d’énergie dans un plus petit volume ».
Les effets de la chimiothérapie compliquent la tâche des nutritionnistes. Nombre de traitements provoquent en effet des nausées ou exacerbent les sensations sensorielles. « Parfois, le simple fait de soulever le couvercle du plat donne la nausée ! Au CHU de Toulouse, nous proposons des repas froids, agréables à manger et équilibrés pour contourner ce problème de l’odeur », indique-t-elle.
L’enjeu de l’alimentation est capital en oncologie pour éviter la perte de poids qui renforce la toxicité de la chimiothérapie. « La dénutrition est un facteur indépendamment associé à la mortalité par cancer. Plusieurs études montrent que les personnes qui se maintiennent en termes de poids supportent mieux leur traitement », explique Gaëlle Soriano, pour qui le suivi nutritionnel fait partie de la prise en charge globale des patients cancéreux. « Toutes les équipes ne disposent pas d’un diététicien. Ce soin support devrait pourtant être proposé systématiquement ».
Lorsque les patients sont trop dénutris pour se nourrir normalement, la nutrition entérale est alors mise en place. Au CHRU de Lille, le service d’oncohématologie propose systématiquement la nutrition entérale aux patients subissant une allogreffe. « Nous mettons en place une sonde nasale le lendemain de la greffe, pour une durée de 4 à 5 semaines, explique Caroline Dendoncker, diététicienne. Ce protocole nutritionnel s’inscrit dans la prise en charge globale : il favorise une reconstitution plus rapide des plaquettes et des globules et a un impact sur la durée d’hospitalisation ».
Les patients ont la possibilité de refuser ce mode d’alimentation mais ils sont rares, une fois les explications données par le personnel soignant. D’après la diététicienne, les réticences viennent plutôt des soignants eux-mêmes, qui jugent la pose d’une sonde trop agressive pour le patient. « Il a fallu un long travail d’explication pour le convaincre de l’intérêt de cette démarche. Cela n’a été possible qu’avec l’appui du Pr Ibrahim Yakoubagha, chef du service des greffes, qui a sensibilisé toute l’équipe », précise-t-elle.
Quelques patients refusent la sonde dans le nez et optent pour la voie veineuse, tout en connaissant le risque infectieux plus élevé.
Pour la période qui précède la greffe, un suivi diététique est mis en place le plus tôt possible. Dès le diagnostic de greffe, dans l’idéal. « Il faut que l’alimentation reste un plaisir, malgré la perte d’appétit et l’odorat perturbé. Les repas sont fractionnés et enrichis : nous proposons 5 à 6 collations par jour, avec éventuellement des compléments nutritionnels oraux, afin que le patient ait un équilibre nutritionnel satisfaisant ».
D'après une communication lors des 54e Journées d’études de l’Association française des diététiciens nutritionnistes (AFDN), Lille, 26 au 28 mai 2016.
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