DE NOTRE CORRESPONDANTE
L’INSTITUT Paoli-Calmettes (IPC), centre régional de lutte contre le cancer, à Marseille, organise depuis trois ans des « journées patients », afin de recueillir les témoignages de personnes atteintes du cancer. Fruit d’une étroite collaboration entre l’Unité de greffes et le département de psychologie clinique de l’IPC, ces journées entendent redonner une place de choix à ces paroles singulières qui disent « comment les patients vivent leur maladie lors de leur hospitalisation ou en dehors de l’hôpital ». Elles « nous aident à améliorer nos pratiques », explique le Pr Didier Blaise, responsable de l’unité d’onco-hématologie et de transplantation de l’IPC. En écoutant les patients qui, parfois, se sentent "lâchés dans la nature" ou à bout de force quand ils sortent de leur thérapie. Et le témoignage des patients greffés représente un espoir considérable pour ceux qui sont encore dans la phase d’angoisse sur le pronostic de survie. »
C’est dans ce cadre que, dérogeant à l’habitude, l’IPC a pu organiser en ouverture de ces journées, une avant-première du film « Ma compagne de nuit », qui ne sortira que le 23 mars prochain. Emmanuelle Béart et la réalisatrice, Isabelle Brocard, étaient présentes pour cette projection.
Dans ce film, Emmanuelle Béart joue une patiente atteinte d’un cancer et qui choisit de se faire accompagner dans ses ultimes moments par Marine, une jeune inconnue rencontrée à l’hôpital, incarnée par Hafsia Herzi. Une relation exclusive et singulière se noue alors entre cette femme gravement malade et cette jeune auxiliaire de vie.
Préparation à l’hôpital.
Remarquables de justesse, les deux actrices ont préparé le tournage à l’hôpital, Hafsia Herzi avec un stage d’aide-soignante et Emmanuelle Béart en passant du temps dans une unité de soins palliatifs. : « J’avais un peu peur avant d’y aller, dit-elle, mais ce qui est le plus bouleversant chez les gens que j’ai rencontrés, que ce soit les médecins, les bénévoles ou les malades, c’est la vie. Les détails sont très importants. Un rayon de soleil, un message, tout ce qui fait la vie est précieux, cela m’a bouleversée. Comme s’il fallait aller à la source de l’énergie. J’ai essayé de comprendre, à travers le regard et l’écoute, aller au plus proche. Plus je parlais avec les malades, plus je sentais une espèce de lumière. »
« Faire ce film a changé mon regard sur la maladie, ajoute l’actrice. J’ai l’impression qu’il n’y a pas deux personnes qui la vivent de la même façon. Julia, le personnage que je joue, est encore amoureuse. Quand elle écoute la voix de son amoureux à la radio la nuit, il y a encore du désir. Elle ne veut plus voir sa famille. Sa fille ne veut pas la voir malade... » On la sent très impliquée dans ce travail, avec la volonté de ne pas être « inexacte. J’avais une forme de responsabilité, je ne voulais pas devenir blessante. »
Le film permet d’aborder aussi l’éclatement de la cellule familiale, ou la sexualité et les nombreux tabous qui entourent encore le cancer. Pour le Dr Patrick Ben Soussan, responsable du département de psychologie de l’Institut Paoli-Calmettes, « longtemps on a même tu le mot cancer. On disait "une longue et douloureuse maladie". On a l’impression que le cancer, c’est le drame le plus total, que c’est inexorable. Mais il peut aussi provoquer la rencontre avec soi-même et avec les autres, comme le raconte le film. Le regard sur le cancer change. » Mais il reste encore bien du chemin à parcourir.
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