L'Union européenne va-t-elle finalement reconduire l'autorisation de commercialisation du glyphosate ? Alors que sa décision est attendue, la France affirme d’ores et déjà officiellement sa position quant à l'utilisation de ce pesticide. La ministre de la Santé Marisol Touraine a assuré ce mercredi 18 mai, que la France ne souhaitait pas le renouvellement de l'autorisation du glyphosate. « Indépendamment des débats sur le caractère cancérigène ou non du glyphosate (...) les études dont nous disposons montrent que c'est un perturbateur endocrinien », a souligné la ministre sur France Info. « D'autres études sont attendues pour 2017. Mais en tout cas, en attendant ces nouvelles études, nous ne renouvelons pas l'autorisation pour le glyphosate », a-t-elle ajouté.
Début mars, l'UE avait repoussé sa décision faute de majorité. Le mois dernier, le parlement européen avait pressé l'Union européenne de renouveler l'autorisation de commercialisation du glyphosate pour 7 ans seulement, contre 15 initialement prévus, en raison des inquiétudes quant à son caractère cancérogène.
Un risque de cancer humain discutable
Lors de la conférence environnementale, fin avril, le président François Hollande avait souligné son opposition à ce renouvellement en rappelant que le glyphosate avait été « classé cancérigène par l’Organisation mondiale de la santé ». Et pour cause, le Centre international de recherche contre le cancer (CIRC) de l'OMS, avait effectivement classé cet herbicide dans le groupe 2A, celui des cancérogènes « probables » pour l’homme. Les résultats publiés dans « Lancet Oncology », en mars 2015, s'appuyaient outre sur les études chez l’animal, sur des études cas contrôles menées dans le cadre d’une exposition professionnelle, aux États-Unis, au Canada et en Suède qui avaient à un risque accru de lymphome non hodgkinien.
La publication, il y a quelques jours, d'une nouvelle évaluation réalisée par l'OMS avec l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), a jeté un pavé dans la mare. Il est « peu probable » que le glyphosate, substance utilisée dans les pesticides les plus répandus au monde, comme le Round Up, provoque « un risque cancérogène chez les humains qui y seraient exposés par l'alimentation », concluait-elle.
Ces deux séries d'études ne seraient cependant pas contradictoires, selon l'OMS, qui explique que l'étude du CIRC portait sur un risque « probable » pour la santé humaine, en cas de très forte exposition. L'étude menée par l'OMS et la FAO s'est, elle, penchée sur les risques spécifiques liés à une exposition par l'ingestion de quantités limitées de glyphosate.
Vigilance recommandée et recherches attendues
« Ce qui signifie qu’il existe des preuves du potentiel cancéreux du glyphosate pour l’animal de laboratoire, et pas pour l'instant de preuves avérées chez l’homme, résume le Pr Robert Barouki, directeur de l'unité INSERM « pharmacologie, toxicologie et signalisation cellulaire ». La position scientifique appelle donc à la vigilance en évitant d'accorder une autorisation à long terme sans avoir poursuivi plus avant les recherches ». De fait, des travaux montrent notamment chez l'animal des effets de stress oxydant et de perturbation endocrinienne « mais on ne dispose pas aujourd'hui d'études expérimentales sur une gamme de doses suffisamment large, souligne le chercheur. Tout particulièrement pour l'évaluation des effets à doses faibles, qui dans certains cas se révèlent les plus nocives. »
La décision européenne, si elle allait dans le sens d'un renouvellement, devrait profiter au géant américain des phytosanitaires Monsanto, qui s'est battu pour obtenir les autorisations de mise sur le marché de ce produit phare. L'ONG Générations futures, spécialisée dans la lutte contre les pesticides, attend quant à elle que la position de la France soit encore « clarifiée », appelant notamment le Premier ministre Manuel Valls à « assumer » la position française.
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