Le séquençage en recherche des génomes de cancers du sein a mis à jour un petit nombre de gènes qui constituent autant de cibles potentielles pour de nouveaux traitements en développement dans les cancers du sein avancés. « Si les études démontrent le bénéfice de ces thérapies ciblées, il est possible que d'ici cinq à six ans on puisse adapter le traitement à ces cibles. Plusieurs biothérapies ciblées issues de cette recherche sont actuellement en phase II-III notamment des anti-PI3 kinases, anti-AKT1, de nouveaux anti-HER2, de nouvelles hormonothérapies (visant ESR1) et des inhibiteurs de PARP (visant les mutations BRCA )», explique le Pr Fabrice André (Institut Gustave Roussy, Villejuif).
Préciser le risque des cancers invasifs de stade précoce
Dans les cancers du sein invasifs de stade précoce, l'analyse de l'expression tumorale de certains gènes permet de préciser le risque de récidive. On parle de signature tumorale. Depuis une dizaine d'années plusieurs tests ont été développés dont le test américain Oncotype DX et le test européen MammaPrint (portant sur l'activité de 70 gènes). « Et cette année une étude prospective européenne randomisée, Mindact, démarrée en 2007 a montré l'intérêt en pratique clinique du test MammaPrint dans les cancers invasifs localisés (stadesI/II) RE+ HER2, avec ganglions négatifs ou moins de 4 ganglions en post-ménopause (1). Soit 40 % des cancers du sein », souligne F. André. Que l'on traite les formes qualifiées à haut risque sur les critères cliniques standards - critères cliniques, biologiques et anatomopathologiques — ou bien sur des critères génomiques (score MammaPrint), les survies sans récidive à 5 ans sont superposables. Or l'évaluation du risque était discordante dans nombre de cas. En particulier parmi les femmes à haut risque clinique, plus de 40 % étaient à bas risque génomiques. « Traiter sur des critères génomiques permettrait donc de réduire de plus de 40 % les indications de la chimiothérapie adjuvante ».
« Néanmoins depuis 2007 avec les progrès réalisés en anapathologie, il est sûr que moins de cancers auraient été traités sur les critères cliniques après discussion en réunion de concertation », nuance Fabrice André. Une étude française prospective - OPTIGEN - va s'attacher à évaluer et comparer plusieurs tests avec un recul en survie de 10 ans. Il est en effet probable que l'épargne en chimiothérapie adjuvante soit moindre dans la vraie vie. Affaire à suivre.
D'après un entretien avec le Pr Fabrice André (Institut Gustave Roussy, Villejuif)
(1) Cardoso F et al. 70-Gene Signature as an Aid to Treatment Decisions in Early-Stage Breast Cancer. NEJM 2016;375:717-29
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