Les conditions ne sont pas réunies pour un dépistage organisé du poumon chez les fumeurs et anciens fumeurs, selon la Haute Autorité de santé (HAS) qui avait été saisie sur cette question dans le cadre du 3e plan cancer 2014-2019. La HAS estime en effet que la maladie est difficilement détectable à un stade précoce et qu'il n'est pas clairement établi qu'il existe une période suffisamment longue entre le moment où une anomalie est décelable à l'imagerie et l'apparition des premiers symptômes pour mener un dépistage.
Les auteurs du rapport jugent également que le scanner thoracique génère trop de faux positifs. Jusqu'à 90 % des anomalies trouvées au scanner s'avèrent non cancéreuses après examen. Ils rappellent en outre que le scanner reste irradiant même à faible dose. « La question du risque de cancers induits par les radiations se pose d'autant plus que cet examen, qui irradie une large part du thorax, devrait être répété et réalisé régulièrement dans le cadre d'un dépistage », insistent-ils. L'absence de traitements véritablement efficace, même à un stade précoce de la maladie motive également l'avis de la HAS qui rappelle que les traitements chirurgicaux sont lourds et réalisables dans certains cas uniquement. Enfin, la HAS précise que les personnes qui pourraient bénéficier d'un dépistage ne sont pas précisément identifiables faute de repères précis comme un nombre de cigarettes fumées ou l'ancienneté du tabagisme. Par ailleurs, la réduction attendue de la mortalité grâce au dépistage n'est pas connue dans le contexte français.
Un débat tranché
La HAS tranche ainsi un débat qui opposait pro- et anti-dépistages organisés. Si beaucoup de pneumologues militaient pour la mise en place d'un dépistage organisé chez les seuls fumeurs et anciens fumeurs, l'INCa estimait par la voix de son ancienne présidente Agnès Buzin que la mise en place d'un dépistage organisé du cancer du poumon n'est pas à l'ordre du jour. Qu'ils soient sceptiques ou en faveur d'un dépistage, les débatteurs s'appuyaient en grande partie sur l'étude américaine National Lung Screening Trial. Les optimistes y notent une diminution de 20 % du risque de mortalité par cancer et de 7 % de la mortalité globale dans une population sélectionnée, quand les pessimistes mettent en avant l'important taux de faux positifs et de gestes invasifs inutiles sur des nodules pulmonaires non malins.
L'INCa a cependant entrepris un appel à projet intitulé « priorité Cancers Tabac », dans lequel devraient être sélectionnés des programmes d'évaluation de l'impact d'un dépistage organisé du cancer du poumon, dans le contexte français, chez les gros fumeurs (30 paquets de tabac par mois).
Quelque 45 200 nouveaux cas de cancer du poumon en France ont été recensés en 2015, liés au tabagisme dans 90 % des cas. C'est le cancer le plus meurtrier chez l'homme (21 000 décès) et le 2e chez la femme (9 500 décès) après le cancer du sein. Selon les données de l'institut de veille sanitaire (InVS) et de l'INCa, moins d'un malade sur 6 est vivant, cinq ans après le diagnostic de la maladie.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024