À L’INSTAR des dépistages du cancer du sein et du cancer du côlon, un dépistage organisé au niveau national du cancer du col de l’utérus devrait bientôt voir le jour en France. À la demande de la direction générale de la Santé, la HAS a évalué les bénéfices et les risques de différentes stratégies de dépistage. Les recommandations qu’elle vient de rendre publique sont en faveur du dépistage organisé du cancer du col, reposant toujours sur le frottis cervico-utérin réalisé sur un rythme triennal : « Chez les femmes âgées de 25 à 65 ans, asymptomatiques et ayant eu une activité sexuelle, un frottis doit être réalisé tous les 3 ans après deux frottis normaux réalisés à 1 an d’intervalle ».
Le cancer invasif du col de l’utérus est un candidat idéal au dépistage, d’après les critères de l’OMS, compte tenu de sa vitesse d’évolution lente – plus de 20 ans depuis la primo-infection par un papillomavirus oncogène jusqu’aux différentes lésions histologiques précancéreuses –, de l’existence de nombreuses lésions précancéreuses curables ainsi que de la disponibilité de tests de dépistage et de diagnostic acceptables par la population et de traitements.
Objectif 80 %.
En France, hormis quelques départements qui ont mis en place des initiatives locales de dépistage organisé, le dépistage est avant spontané ou individuel. Ce type de dépistage « a atteint ses limites », affirme la HAS. Principalement réalisé par les gynécologues, le dépistage actuel ne permet d’atteindre qu’un taux de couverture de 57 % (depuis six ans) alors que la loi de santé publique fixe un objectif de 80 %. De plus, de fortes disparités sont observées, géographiques, liées à la répartition des gynécologues sur le territoire mais aussi sociales, les femmes appartenant à un ménage modeste étant 2 fois plus nombreuses à ne jamais avoir eu de frottis. « En définitive, plus de 50 % des femmes ne sont pas ou trop peu souvent dépistées, quand 40 % le sont trop souvent », résume la HAS.
Il s’agit de « passer à la vitesse supérieure » et, au-delà des 6 millions de frottis effectués chaque année, même si le dépistage individuel reste « un socle essentiel sur lequel il convient de s’appuyer », souligne la Haute autorité. Le dépistage organisé devra donc s’appuyer sur les acteurs actuels du dépistage (gynécologues, médecins généralistes, sages-femmes, anatomocytopathologistes et biologistes) et nécessitera une forte implication du médecin traitant, qui devra inciter systématiquement toutes ses patientes à réaliser un frottis. Pour lutter contre les inégalités, la HAS suggère d’adresser un courrier personnalisé aux femmes de la population cible qui n’auraient pas été dépistées dans les trois années précédentes. « Une réflexion sur la suppression des avances de frais ou la gratuité des tests de dépistage pour les femmes les plus modestes » est également préconisée. La HAS insiste aussi sur la nécessité de mettre en place une démarche rigoureuse d’assurance qualité des frottis sur tout le territoire.
Vaccinées et non vaccinées.
La HAS rappelle enfin que le dépistage et la vaccination se complètent. « La vaccination ne doit pas conduire à relâcher l’effort de dépistage », insistent les recommandations. À ce stade, le dépistage est recommandé à toutes les femmes, vaccinées ou non, la vaccination ne couvrant que les 2 génotypes (16 et 18) de papillomavirus humains impliqués dans 70 % des cancers du col de l’utérus. Près de 30 % des cancers du col sont dus à d’autres génotypes. De plus, les résultats à long terme de l’efficacité des vaccins sur le nombre de cancers ne sont pas encore connus.
Le cancer du col de l’utérus touche chaque année en France 3 000 nouvelles femmes et en tue plus de 1 000. C’est le dixième cancer par la fréquence et le quinzième cancer le plus meurtrier. Le dépistage organisé devrait concerner 17,5 millions de femmes. La HAS estime que le surcoût pour l’Assurance-maladie serait de 20 millions d’euros mais serait couvert à terme par des économies liées notamment à la baisse des surdépistages.
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