La survie à 5 ans des cancers diagnostiqués entre 2005 et 2010 s'est nettement améliorée en France, comparée à ceux diagnostiqués entre 1989 et 2013, selon les dernières données publiées par l'Institut de veille sanitaire (InVS) et l'Institut national du cancer (INCa).
Ces données issues du réseau Francim ont été traitées par le service de biostatistique des Hospices civils de Lyon (HCL) et donnent des estimations pour 53 types de cancers différents. Elles s'appuient sur l'analyse de 537 520 cas, dont 502 000 tumeurs solides et 35 520 hémopathies malignes, suivis jusqu'au 30 juin 2013.
« La particularité de ce travail, c'est la méthode employée qui nous a fourni la survie nette, cancer par cancer », explique Agnès Buzyn. La survie nette est la survie vis-à-vis des décès strictement liée au cancer. « Cela autorise des comparaisons avec les données internationales comme celles de l'étude Concorde, précise Agnès Buzyn, c'est aussi un atout majeur pour mener les politiques de santé publiques. »
C'est aussi la première fois qu'un travail de ce type est en mesure de fournir les survies nettes à 15 ans des personnes de moins de 75 ans diagnostiquées entre 1989 et 1998.
Une amélioration globale
La grande majorité des cancers ont connu une amélioration significative de leur survie à 5 ans. Certaines améliorations sont spectaculaires : la survie à 5 ans de la leucémie myéloïde chronique a augmenté de 34 % pour atteindre 85 %, celle du lymphome folliculaire est passée de 66 à 84 % et celle du lymphome diffus est passée de 42 à 60 %.
Thyroïde, prostate, testicule
Les cancers de la thyroïde (92 % de survie à 5 ans) de la prostate (94 %) et du testicule (96 %) sont désormais des cancers de très bon pronostic. Le cancer du testicule, dont la survie à 15 ans atteint 94 % est désormais considéré comme curable. Il pourrait bientôt être rejoint par le cancer de la thyroïde dont la survie nette à 15 ans varie entre 98 % et 68 % en fonction de l’âge. L'INCa a récemment produit une grille de référence permettant de faire entrer certaines pathologies dans le cadre du droit à l'oubli vis-à-vis des assurances (Convention AERAS ou S'Assurer et emprunter avec un Risque Aggravé de Santé).
Le cancer du sein est aussi désormais un cancer de très bon pronostic, avec 88 % de survie à 5 ans. Les auteurs voient là un effet de la généralisation à l'ensemble du territoire, en 2004, du dépistage organisé. Les tumeurs solides de plus mauvais pronostic restent le mésothéliome pleural (4 % de survie à 5 ans) le cancer de l'œsophage (14 %) et le cancer du foie (15 %).
Un effet du sexe et de l'âge au diagnostic
La survie du cancer du col de l'utérus est une des rares à ne pas avoir augmenté. Il s'agit d'un effet paradoxal du dépistage par frottis qui élimine les lésions précancéreuses. Les cancers diagnostiqués au stade invasif sont désormais moins nombreux, mais ils comportent une proportion plus importante de cancers de mauvais pronostic.
Selon Muriel Malbezin, directrice de la Recherche Clinique et de l'Innovation aux Hospices civils de Lyon, les sujets âgés sont ceux qui ont le moins profité de l'amélioration de la survie. La différence de survie à cinq ans entre patients de plus de 75 ans et de moins de 55 ans est particulièrement forte en ce qui concerne les hémopathies malignes agressives.
Le sexe est aussi un déterminant important puisque la survie suite à un cancer du poumon est un peu plus élevée chez les femmes, de même que celle suite à un cancer des voies aérodigestives supérieures.
Le Cancer du poumon, source d'inquiétudes
Principal ombre au tableau : le cancer du poumon, pourtant très fréquent, n'a vu sa survie nette standardisée à 5 ans passer que de 13 % à 17 %, avec une survie nette standardisée à 10 ans de 10 %, et une survie à 15 ans de 14 % chez les 15-45 ans et de 5 % chez les 65-75 ans. « La thérapeutique n'est pas présente, et les diagnostics sont réalisés trop tard », reconnaît Agnès Buzyn.
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