LE CRIZOTINIB est un inhibiteur de l’ALK tyrosine kinase (ALK signifie Anaplasique Lymphoma Kinase). On se rappelle que, en 2010, ont été annoncés des résultats prometteurs avec ce médicament dans les cancers du poumon non à petites cellules exprimant l’ALK (Kwak et coll. « N Engl J Med », 2010;363:1693-73).
Le gène ALK est fusionné à plusieurs gènes partenaires dans la majorité des lymphomes anaplasiques à grandes cellules(LAGC). Dans ce type de lymphome, l’activité de l’ALK tyrosine kinase joue un rôle prépondérant. Les LAGC ALK-positifs sont hautement répondeurs aux médicaments cytotoxiques. Pourtant, on observe des rechutes qui nécessitant des traitements de sauvetage. C’est dans ce contexte que Carlo Gambacorti-Passerini, Cristina Messa et Enrico Pogliani rapportent les observations de deux patients traités par crizotinib (250 mg deux fois par jour) pour une rechute de LAGC ALK-positif.
Le premier patient, une femme de 26 ans, avait présenté une réponse partielle à un mois après 7 cycles de CHOP-15. Elle fut ensuite traitée par des régimes de chimiothérapies de sauvetage en vue d’une autogreffe de moelle. Mais après chaque régime, une rechute survint au bout de deux à trois semaines. À ce moment, elle a de la fièvre (≥ 38 °C), des adénopathies cervicales et inguinales et, à l’imagerie (PET et scanner), des adénopathies para-aortiques et iliaques ; l’aspiration de moelle montre 3 % de cellules avec réarrangements de l’ALK. La patiente est confinée au lit ou au fauteuil plus de la moitié du temps (score ECOG à 3). On instaure un traitement par crizotinib. La fièvre disparaît en 48 heures ; à J7, toute adénopathie palpable a disparu ; le PET, le scanner, l’aspiration de moelle à J28 montrent une régression complète des lésions. Parmi les effets secondaires, des flashs visuels et une élévation de grade 1 des tests hépatiques. Cette réponse complète dure maintenant depuis six mois.
Le deuxième patient est un homme de 20 ans, chez qui on a diagnostiqué un LAGC ALK-positif en août 2009. Un mois après une réponse complète au CHOP, il rechute. D’où une chimiothérapie à haute dose (BEAM), et une autogreffe de mœlle, avec réponse partielle qui dure un mois. À ce moment, il a de la fièvre ≥ 39 °C, des adénopathies axillaires et inguinales, une atteinte ganglionnaire diffuse et splénique au PET et au scanner ; l’aspiration de moelle montre 8 % de cellules avec réarrangements d’ALK. Le score ECOG est à 3. Dans les 8 jours qui suivent la mise sous crizotinib, les signes généraux régressent, les adénopathies disparaissent. À J12, le PET scan montre une régression totale de toutes les lésions, ce qui est confirmé à J28. L’apiration de moelle est ALK-négative à J60. Les effets secondaires ont été des vertiges de grade 1. Le patient en est à son cinquième mois après traitement.
« Ces deux observations indiquent la sensibilité des rechutes lymphomes avancés ALK-positifs à l’inhibition ALK », concluent les auteurs.
New England Journal of Medicine du 24 février 2011, pp. 775-776.
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