Le fardeau génétique, très variable selon les tumeurs, confirme son potentiel en tant que biomarqueur pour sélectionner les patients candidats à l'immunothérapie, révèle une étude américaine conduite au Georgetown Lombardi Cancer Center (Washington). Cette étude, la plus détaillée sur le sujet, porte sur 14 types de cancers solides avec plus de 8 000 prélèvements.
Ces résultats, présentés en avant-première du congrès de l'American Society of Clinical Oncology (ASCO) qui se tiendra du 2 au 6 juin à Chicago, montrent que le nombre de mutations (mt) par million de bases (mégabase, MB) est très variable selon les tumeurs, le chiffre étant considéré élevé à partir de 17 mt/MB (cancer colorectal).
Immunogénicité tumorale
Il est suggéré que l'immunogénicité tumorale liée au nombre de mutations soit un facteur d'efficacité de l'immunothérapie, cette dernière étant censée stimuler la réponse immunitaire naturelle dirigée contre les mutations reconnues comme étant étrangères. Le fardeau génétique pourrait être utilisé pour déterminer quels types de cancer et quels patients, ou quels sous-groupes de patients, en tireraient le plus de bénéfices.
« Nous avons trouvé, comme espéré, que le mélanome avait le fardeau génétique le plus haut, sachant que ce type de cancer répond le mieux à l'immunothérapie, souligne le Pr Mohamed Salem, l'auteur principal. En effet, le fardeau génétique était presque le double du second chiffre moyen le plus élevé, dans le cancer du poumon à petites cellules. De plus, nous avons observé qu'un chiffre élevé survient dans les tumeurs ne présentant pas les gènes connus liés au cancer, tels que les gènes BRAF ou NRAS pour le mélanome, ou les gènes EGFR et ALK pour le cancer du poumon non à petites cellules. Ceci suggère que les inhibiteurs de checkpoint pourraient être particulièrement efficaces chez ces patients non candidats aux thérapies ciblées habituelles dans ces types de cancers ».
Mélanomes, cancers du poumon et de la vessie
Dans cette étude, se placent en tête les mélanomes (21 mt/MB), les cancers du poumon non à petites cellules (11 mt/MB) et les cancers de la vessie (11 mt/MB), quand les cancers de la prostate, les adénocarcinomes pancréatiques et les cancers du rein présentent le plus faible nombre de mutations (tous à 6 mt/MB).
Les chiffres les plus élevés étaient le plus souvent constatés pour les mélanomes (36 %), les cancers du poumon non à petites cellules (15 %), les cancers de la vessie (15 %) et les cancers anaux (9 %).
L'âge était associé à des chiffres plus élevés de mutations dans le mélanome, le cancer colorectal, le cancer du sein et le cancer du poumon non à petites cellules. « Un âge avancé est corrélé de près au fardeau génétique dans la plupart des cancers examinés, souligne le Pr Mohamed Salem, l'auteur principal. Mais dans certains cancers, comme le cancer de vessie, il n'y a pas de corrélation avec l'âge, ce qui est une observation importante dans un type de cancer difficile à traiter ».
La prochaine étape est de corréler le niveau préalable de fardeau génétique à la réponse clinique après immunothérapie, étant attendu que les patients ayant les chiffres les plus élevés obtiennent de meilleurs résultats. « Si les études de validation se révèlent probantes, ce pourra être très utile pour concevoir des essais cliniques dans de nombreux cancers », espère le Pr Salem.
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