Les tumeurs du sein et du poumon jouent des coudes dans le triste palmarès des cancers. C’est ce que révèle, à l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre le cancer, la dernière analyse des chiffres du cancer par l’American Cancer Society (ACS) publiée le 4 février d’après les données GLOBOCAN 2012 du Centre International de recherche sur le cancer (CIRC) issues de 21 régions du monde. Les cancers du poumon et du sein sont les tumeurs les plus fréquentes, et les principales causes de mortalité respectivement chez l’homme et la femme à travers le monde.
14,1 millions de nouveaux cas
Le bilan dressé fait état d’une augmentation de l’incidence et de la mortalité des cancers à travers le monde. Près de 14,1 millions de nouveaux cas de cancers et 8,2 millions de décès sont survenus en 2012. Les auteurs soulignent une mutation de fond qui s’opère depuis plusieurs années. Le tribut payé aux cancers se déplace vers les pays moins développés, qui comptent actuellement 57 % des nouveaux cas et 65 % des décès par cancer. Les cancers colorectaux, du sein et du poumon augmentent dans les pays en transition économique, là où est déjà très lourd le poids des cancers d’origine infectieuse (foie, estomac, col de l’utérus). La définition retenue dans l’étude était celle des Nations-Unies, qui inclut pour les pays développés l’Europe dans son ensemble, l’Amérique du Nord, l’Australie/Nouvelle-Zélande et le Japon, et pour ceux moins développés l’Afrique, l’Asie (hors Japon), l’Amérique Latine, les Caraïbes et la Polynésie.
Un phénomène annoncé
Les épidémiologistes américains de l’ACS en association avec le CIRC ont constaté pour la première fois un phénomène annoncé depuis plusieurs années, avec l’augmentation du tabagisme féminin dès les années 1960 dans les pays occidentaux. Le cancer du poumon est devenu la première cause de mortalité chez les femmes dans les pays développés. Ces résultats font écho à ceux publiés fin janvier dans « Annals of Oncology » sur la mortalité par cancer en Europe par l’équipe italienne du Pr La Vecchia. Sur la base de projections pour l’année 2015, l’étude prédit que la mortalité par cancer du poumon va rattraper celle du cancer du sein avec un taux de 14,2/100 000. Ce qui fait dire aux auteurs : « En l’absence de sevrage tabagique, ces cohortes de femmes européennes vont maintenir à la hausse les tendances pour la mortalité par cancer du poumon dans un futur proche ».
Une prévention urgente dans les pays moins développés
Avec 1,8 million de nouveaux cas en 2012, le cancer du poumon est le cancer le plus fréquent à l’échelle internationale, devant le cancer du sein (1,7 million de cas) et le cancer colorectal (1,4 million de cas). Le cancer du poumon est la première cause de mortalité chez les hommes, pays développés et en développement confondus. Pour les femmes, si toutes régions du monde confondues, le cancer du sein reste la première cause de mortalité, elle est passée en tête dans les pays développés et se place en second pour ceux en développement.
Un phénomène anormal en Chine renforce l’urgence de mesures de prévention du tabagisme. Les cancers du poumon y étaient plus élevés chez les femmes chinoises (20,4 cas pour 100 000) que dans certains pays d’Europe malgré un tabagisme encore moindre. La pollution domestique et environnementale pourrait être en cause, selon les auteurs. Il reste que, dans des pays comme la Chine, l’Inde et dans certains pays d’Afrique, le pic épidémique de tabac est tout juste atteint voire encore en augmentation. Alors que le cancer du poumon est l’un des cancers les plus sensibles à la prévention, les pays en développement peuvent tirer de grands bénéfices s’ils adoptent à temps, c’est-à-dire avant nous, les mesures de santé publique adaptées.
Ca Cancer J Clin, publié en ligne le 4 février 2015
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