MÊME LE SEIN est touché ! Le lien entre tabagisme et cancer du sein est resté longtemps sujet à controverse mais l’étude parue récemment dans la revue « Archives of Internal Medicine » semble clore le débat. Menée par des chercheurs de Harvard (Boston) (2), elle confirme que le tabagisme féminin, avant la ménopause, favorise la survenue d’un cancer mammaire, surtout s’il a commencé avant la première grossesse. À l’inverse, la cigarette conférerait une discrète protection chez la femme ménopausée. L’action délétère du tabac survient via les carcinogènes de la fumée. Ces substances passent la membrane alvéolaire pulmonaire puis parviennent par voie sanguine au tissu mammaire, transportées par les lipoprotéines plasmatiques. Des métabolites de la fumée ont été mis en évidence dans des sécrétions mammaires (obtenus par aspiration) de femmes non allaitantes. Enfin, ces carcinogènes sont lipophiles. Ils peuvent être stockés dans le tissu adipeux du sein, métabolisés puis activés par les cellules de l’épithélium mammaire.
Une augmentation de 40 % des cancers du poumon.
Le risque de cancer du poumon est connu mais fait froid dans le dos. « Entre 2000 et 2004, en France, il y a eu une augmentation de 40 % des cas de cancer du poumon chez les femmes de 45 à 65 ans », précise Béatrice Le Maître. Les fumeuses sont aussi exposées au risque de BPCO « trop souvent sous estimé » ajoute-t-elle. Et, mauvaise surprise : à sévérité identique de cette affection, la qualité de vie des femmes serait plus altérée que celle des hommes (3). Le retentissement psychologique de la BPCO a aussi été évalué par des questionnaires d’anxiété et de dépression validés. Là encore, les femmes sont désavantagées. Leur souffrance psychologique est plus importante que chez les hommes. Ces spécificités féminines sont pour l’instant inexpliquées. « Il n’est pas rare non plus de constater des lésions d’emphysème chez des jeunes femmes de 35 ans qui ont commencé à fumer vers l’âge de 12 ans, avec une consommation associée de cannabis dont on connaît la forte toxicité pulmonaire », poursuit cette spécialiste ; « un joint est l’équivalent de 20 cigarettes ».
Des syndromes coronariens aigus à la hausse
L’étude de l’évolution des syndromes coronariens aigus (SCA) entre 2003 et 2009, réalisée dans le cadre de l’étude EVINCOR (4), montre une baisse continue et significative des SCA dans l’ensemble de la population sauf chez les fumeuses de moins de 65 ans chez qui on constate une augmentation.
« Une catastrophe sanitaire est devant nous », déplore cette tabacologue « car le tabagisme féminin a augmenté de 30 % en 30 ans ».
Une projection en 2025 de la mortalité liée au tabagisme estime qu’elle devrait être multipliée par 11 chez la femme par rapport à 1990, alors que celle de l’homme « devrait » seulement doubler (5).
(1) Service de tabacologie, CHU de Caen
(2) Frei Xue. Cigarette smoking and the incidence of breast cancer. Arch Intern Med, janvier 2011 ; 171 ; 125-33
(3) Raherison C et coll. Existe-t-il des spécificités chez les femmes atteintes de BPCO ? Rev Mal Respir 2010 ; 27 : 611 – 24
(4) Thomas D et coll. Impact de l’interdiction de fumer dans les lieux publics sur les hospitalisations pour syndrome coronaire aigu en France : étude EVINCOR-PSMI, résultats préliminaires. Bull Epidemiol Hebd 2010 ; n°19-20 : 210-4
(5) Ezzati M. Estimates of global mortality attribuable to smoking in 2000. Lancet 2003 ; 362 : 847-52
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