« Les médecins généralistes ont un rôle à jouer en cancérologie ».
Dès les années 1990, le Dr Jean Godard participe à la création de l’Association de formation en cancérologie de Haute Normandie, une structure bipartite où médecins généralistes et oncologues du Centre de lutte contre le cancer Henri Becquerel, situé à Rouen, œuvrent pour actualiser les connaissances des médecins généralistes en cancérologie. Il co-fonde ensuite la structure de gestion de dépistages des cancers en Seine-Maritime, l’association EMMA. Puis, en 2001, il s’associe à la mise en place du réseau régional de cancérologie Onco-Normand. « En nous rapprochant des oncologues, nous avons créé les conditions d’une culture partagée et mis en place des projets communs constructifs », précise-t-il.
Libérer des places dans les consultations spécialisées
Travailler en réseau, favoriser l’interconnaissance ou encore partager les bonnes pratiques est donc une priorité pour le Dr Godard. Et ce, particulièrement dans le domaine de la cancérologie, un modèle pour l’ensemble du système de santé et de soins. « On me dit que je suis obnubilé par le cancer, mais comment ne pas l’être quand il s’agit de l’une des principales causes de mortalité ? », questionne-t-il. L’accompagnement des patients atteints de cette pathologie est pour lui fondamental, et il milite pour le « suivi conjoint » - oncologues et médecins généralistes – de l’après cancer. Premier point fort ? « Ce suivi conjoint permet de laisser de la place dans les consultations à haute valeur ajoutée, pour diminuer les délais d’attente, explique-t-il. Quand on a une suspicion de cancer, l’angoisse est telle qu’il n’est pas tolérable d’avoir à patienter un mois pour être reçu par un spécialiste ! »
Favoriser un suivi de proximité
Deuxième point fort ? « Quand on quitte le centre de cancérologie, à la fois aimé et honni, un grand vide se fait dans le quotidien des patients… Dans ces conditions, leur proposer un suivi alterné entre médecin traitant et centre spécialisé permet une prise en charge de proximité. La lisibilité de cette méthode coordonnée sécurise le parcours du patient et le rassure », explique le Dr Godard. Selon lui, ce suivi peut s'appliquer à l’accompagnement régulier de la majorité des patients concernés par le cancer, après la phase aiguë du traitement : cancer du sein, du colon et de la prostate sont parmi les plus fréquents. Cette option – au choix des personnes malades - permet aussi un suivi de meilleure qualité : « Ce n’est pas parce qu’une patiente a la grippe qu’elle sera mieux soignée par son oncologue, et c’est pareil pour le diabète ou l’hypertension ! », complète-t-il. Chaque professionnel a ses compétences, et l’important est de « donner le bon soin au bon moment ».
Promouvoir une logique de parcours
En disant cela, le Dr Godard n’entend pas diminuer la légitimité des consultations spécialisées, au contraire. Il souligne que la complémentarité est indispensable pour apporter les meilleurs soins possibles. Il milite pour une « vraie logique de parcours, pour accompagner efficacement les malades atteints de cancer, devenus chroniques et le plus souvent polypathologiques ». La question est politique : « On entend partout ce mot "parcours" mais, pour le moment, les moyens ne sont pas mis en place pour aller en ce sens », déplore-t-il, évoquant des obstacles culturels, institutionnels, statutaires ou financiers. Prévention, dépistage, accompagnement, suivi… Jean Godard est impliqué à 100 % auprès de ses patients, tout en étant engagé dans des réflexions régionales et nationales sur ces sujets majeurs.
Pour en savoir plus sur le Réseau Onco-Normand : www.reseau-onco-normand.org
Pour en savoir plus sur le Centre Henri Becquerel : www.becquerel.fr
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