Chez les femmes à partir de 30 ans et jusqu’à 65 ans, le test HPV est désormais remboursé en première intention dans le dépistage du cancer du col de l’utérus. Ce grand progrès réclamé depuis des années par les professionnels et les associations de patientes est passé inaperçu lors de son inscription au « Journal officiel » en plein confinement le 24 mars 2020. Dans le cadre du dépistage organisé, le test HPV est remboursé à 100 % et à 60 % pour le dépistage individuel.
Le dépistage du cancer du col de l’utérus s’inscrit, depuis 2018, dans le cadre d’un programme national organisé. Cette démarche est complémentaire d'une stratégie de prévention par la vaccination contre les HPV, remboursée pour toutes les jeunes filles et, a priori à partir de janvier 2021, à tous les jeunes garçons, de 11 à 14 ans, avec un rattrapage vaccinal possible entre 15 et 19 ans.
Le test HPV est également remboursé chez les femmes présentant des atypies des cellules glandulaires pour décider d’une éventuelle colposcopie, pour la surveillance à un an après une colposcopie normale ou avec des lésions intraépithéliales de bas grade, ainsi que pour le suivi à six mois du traitement d’une lésion malpighienne intraépithéliale.
Un test tous les cinq ans
Le programme national de dépistage du cancer du col de l’utérus s’adresse à toutes les femmes entre 25 et 65 ans. Selon les recommandations préalables de la Haute Autorité de santé de juillet 2019, les modalités de dépistage varient selon l’âge des femmes.
Pour les femmes entre 25 et 29 ans, le dépistage est réalisé par une cytologie tous les trois ans, les deux premiers examens étant réalisés à un an d’intervalle.
À partir de 30 ans et jusqu'à 65 ans, le test HPV, qui est plus efficace pour cette tranche d’âge, remplace l’examen cytologique en première intention. Le test HPV est réalisé trois ans après le dernier examen cytologique dont le résultat était normal ou dès 30 ans, en l’absence de dépistage antérieur. Il est effectué à partir d’un prélèvement cervico-utérin réalisé en milieu liquide.
Si le résultat du test est négatif, le rythme entre deux dépistages par test HPV est de cinq ans, jusqu’à l’âge de 65 ans. Si le résultat du test est positif, une cytologie est alors faite à partir du même prélèvement que celui effectué pour le test HPV.
Si l’examen cytologique est normal, avec un test HPV positif, c’est le signe d’une infection, sans lésion. Dans ce cas, un test HPV doit être réalisé un an après, pour vérifier si l’infection persiste. Si l’examen cytologique est anormal, une colposcopie est alors réalisée.
Sensibilité de 95 %
Le test HPV est déjà utilisé depuis des années avec succès dans plusieurs pays européens. Il permet d’espacer l’intervalle entre deux dépistages (cinq ans au lieu de trois ans) et de détecter les lésions précancéreuses et cancéreuses, plus précocement que la cytologie. Dans la recherche des lésions, on passe d’une sensibilité de 53 % avec le frottis cervico-utérin à plus de 95 % avec le test HPV.
Un dépistage régulier de toute la population cible permettrait pourtant de réduire l'incidence du cancer du col de 90 %. Selon les données de Santé publique France, parmi les 17,8 millions de femmes âgées de 25 à 65 ans, seulement 10,4 millions avaient réalisé un frottis cervico-utérin au cours de la période 2015-2017, soit un taux de couverture national de 58,7 %. Ce taux varie beaucoup selon les régions (de 42 à 68 %) et diminue avec l’âge : pour les femmes âgées de 60 à 65 ans, le taux de couverture n’est plus que de 44,2 %.
Des situations de moindre participation
Une vigilance particulière doit être accordée aux femmes susceptibles de ne pas se faire dépister régulièrement. Les principaux groupes de non participantes au dépistage sont : les plus de 50 ans, alors que l’âge médian au diagnostic de ce cancer est de 53 ans ; les femmes ménopausées ; et celles dans une situation socio-économique défavorable.
Le remboursement devrait favoriser l’accès aux tests de dépistage, augmenter le taux de couverture national et réduire ainsi l’incidence et la mortalité du cancer du col de l’utérus. Ce cancer est le 12e le plus fréquent chez la femme en France. Malgré l'existence d'un test de dépistage efficace, il est responsable d'environ 1 100 décès par an. Il s’agit d’un des rares cancers pour lesquels le pronostic se dégrade, avec un taux de survie à cinq ans en baisse (63 % en moyenne).
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