Dans la lignée des traitements anticancéreux immunologiques, beaucoup de chercheurs ont fondé des espoirs sur la mise au point de vaccins destinés à stimuler la réponse immunitaire contre les cellules tumorales. C'est notamment le cas du IMA901, mis au point par la biotech Immatics Biotechnologies, composé de 10 peptides spécifiques aux carcinomes rénaux à cellule clair HBLA-A 02 positifs.
Les derniers résultats d'une étude de phase III menée sur ce candidat vaccin, publiés dans « The Lancet Oncology », semblent indiquer que le développement d'un tel traitement sera finalement plus long que prévu.
Le Pr Brian Rini, du département des tumeurs solides de l'institut de cancérologie Taussig à Cleveland, et ses collègues ont en effet proposé une association de ce vaccin (jusqu'à 10 doses) et de sunitinib en prise orale à 339 patients, tandis que 135 autres patients bénéficiaient d'une monothérapie de sunitinib. Le vaccin était en outre couplé avec un facteur de stimulation des colonies de granulocytes et de macrophages. Les patients étaient tous atteints d'un carcinome à cellule clair du rein, positif pour le marqueur HLA-A 02. Les cancers de l'étude étaient avancés et/ou métastatiques, et ils n'avaient encore jamais été traités.
Des résultats de phase I avaient montré que le procédé était sûr et qu'une augmentation de la réponse immunitaire dirigée contre les peptides spécifiques de la tumeur était associée à une amélioration du pronostic. Dans cette dernière publication, les auteurs ont bien observé une augmentation de la réponse immunitaire mais pas de la survie des patients.
Pas d'amélioration de la survie
Au bout d'une période de suivi de plus de 33 mois, la survie médiane dans le groupe sunitinib et IMA901 était de 33,16 mois, alors que la survie médiane n'était pas encore atteinte dans le groupe monothérapie (plus de la moitié des patients étaient encore vivants). L'association sunitinib/IMA901 n'améliore donc pas la survie des patients. La survie médiane sans progression de la maladie n'était pas non plus significativement améliorée.
Plus de la moitié (57 %) des patients du groupe recevant une association de traitement a connu des effets indésirables de grade trois ou pire, contre 47 % des patients du groupe monothérapie. Les effets les plus fréquents étaient l'hypertension, la neutropénie, l'anémie et les réactions au niveau du site d'injection. Des effets secondaires graves provoquant un décès sont survenus chez quatre patients du groupe sous bithérapie et chez huit patients sous monothérapie.
Les auteurs se veulent toutefois optimistes et notent une augmentation de la réaction immunitaire dirigée contre les antigènes tumoraux. « L'amplitude de cette réponse immunitaire doit être améliorée si l'on souhaite poursuivre le développement de l'IMA901 », concluent les auteurs. La prolifération des lymphocytes T était en effet trois fois moins importante que celle observée lors des essais de phase I.
Échecs répétés
Ce n'est toutefois pas la première fois qu'un vaccin thérapeutique est testé dans le cancer du rein. Le TG-4010 produit à partir d'un virus recombinant, exprimant l'interleukin-2 et l'antigène MUC1, avait échoué à la porte des études de phase III. Un autre candidat vaccin, le MVA-5T4, n'avait également pas montré de bénéfice en termes de survie en phase III.
« Nous attendons aussi les résultats de l'étude de phase III ADAPT », complètent dans un commentaire associé des chercheurs du département d'oncologie médicale de l'institut Huntsman du cancer (université de l'Utah). « ADAPT teste une vaccination, avec des cellules dendritiques autologues, qui a réussi à accorder une survie de 30 mois chez des patients atteints de cancers du rein à cellule claire métastatiques très avancés », détaillent-ils, tout en reconnaissant que la mise sur le marché d'un vaccin thérapeutique devient de plus en plus difficile. « Néanmoins, l'excellent profil de tolérance de tous les vaccins testés jusqu'à présent encourage à poursuivre les investigations, et notamment la possibilité de coupler les candidats vaccins avec les inhibiteurs de checkpoint des lymphocytes T », concluent-ils.
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