SELON CETTE grande étude épidémiologique américaine conduite dans 17 états américains sur la période 1980-2005, l’impact du VIH sur l’incidence globale du cancer anal ne se vérifierait que chez les hommes, l’infection par le VIH n’aurait pas d’influence sur l’incidence croissante de ce cancer rare chez les femmes dans leur ensemble.
Si ce cancer reste rare, il n’a cessé d’augmenter depuis les années 1940 dans la population générale. Les chiffres sont systématiquement plus élevés chez les femmes, hormis dans la tranche 20-49 ans (à titre indicatif, en 2012, aux Etats-Unis, on a recensé 2 250 nouveaux cas chez les hommes et 3 980 chez les femmes). Près de 84 % des cancers anaux seraient liés au papillomavirus (HPV), en grande partie avec les sous-types 16 et 18. Par rapport à la population générale, le risque de cancer anal est multiplié par 24 chez les femmes séropositives au VIH, par 32 chez les hommes séropositifs au VIH et par 52 chez les hommes séropositifs homosexuels. Contrairement au sarcome de Kaposi et au lymphome non-hodgkinien, l’introduction de la thérapie HAART n’a pas fait baisser l’incidence du cancer anal. Le cancer anal est le 4e cancer survenant chez les patients séropositifs.
HPV et relations sexuelles anales.
Les chercheurs ont trouvé que parmi les 20 533 cas de cancer recensés entre 1980 et 2005, 1 665 sujets (8,1 %) étaient infectés par le VIH. Sur la période la plus récente, entre 2001 et 2005, la proportion de cancers anaux chez les sujets séropositifs était la plus haute, soit 1,2 % chez les femmes et 28,4 % chez les hommes. Sur la période 1980-2005, l’infection VIH n’a pas eu d’impact sur l’incidence croissante du cancer anal chez les femmes (augmentation de 3,3 % par an chez les femmes tout venant comme chez les femmes séronégatives), à l’inverse de ce qui est constaté chez les hommes (augmentation de 3,4 % par an chez les hommes tout venant contre 1,7 % chez les hommes séronégatifs).
Pour les auteurs, si la cause de l’incidence croissante du cancer anal parmi les femmes au fil du temps reste peu claire et mériterait d’être précisée, elle pourrait être due à l’augmentation du nombre de partenaires sexuels et/ou de relations sexuelles anales. De plus, cette augmentation coïncide avec les tendances à la hausse d’autres cancers liés à l’HPV (oropharynx, vulve, adénocarcinome cervical), ce qui reflète peut-être une augmentation de la prévalence des sous-types d’HPV oncogènes. Comme les auteurs le soulignent, il est fort probable que l’incidence du cancer anal aille à la baisse dans quelques années avec la vaccination anti-HPV chez les jeunes filles. Pour les jeunes garçons homosexuels, la vaccination anti-HPV pourrait être efficace mais reste difficile à mettre en place. Le dépistage du cancer anal par un frottis pourrait être proposé également dans les populations à risque. Car « Des mesures qui préviendraient efficacement le cancer anal chez les hommes séropositifs au VIH seraient à même de diminuer significativement l’incidence de ce cancer dans la population générale », concluent les auteurs.
Journal of the National Cancer Institute, publié le 5 octobre 2012.
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