Le cancer du péritoine touche près de 6 000 patients par an en France. « Dans les années 1980-1990, le pronostic des carcinoses péritonéales était très mauvais. Il n’y avait aucun espoir de survie au-delà d’un an », raconte le Pr François-Noël Gilly, précurseur de la CHIP, la chimiothérapie hyperthermique intra-péritonéale.« Lorsque nous avons développé cette technique au centre hospitalier de Lyon, nous avons eu beaucoup de difficultés à la faire accepter, se souvient-il. Nous avons subi des remarques désagréables et de fortes réticences de la part de nos confrères. »
La technique de la CHIP peut en effet surprendre : appliquée après une chirurgie permettant de retirer la partie visible de la maladie, elle consiste à administrer au patient une chimiothérapie directement dans la cavité abdominale, et non par intraveineuse. Le produit de chimiothérapie est dilué dans un soluté et chauffé à 42 °C - 43 °C, ce qui permet de détruire les cellules tumorales microscopiques résiduelles. Cette technique favorise la pénétration de la chimiothérapie dans les tissus et permet d’administrer des concentrations élevées de produit, qu’il serait impossible d’utiliser par voie intraveineuse, en raison de sa toxicité. Et les résultats sont au rendez-vous : « le taux de survie à 5 ans est désormais de 30 % dans les cancers du côlon et de 15 % dans les cancers gastriques », détaille le Pr Gilly. Certes, ces chiffres ne sont pas mirobolants, mais ils sont un progrès face aux 0 % de survie à un an observés auparavant. « Petit à petit, d’autres équipes se sont mises à cette technique, en France et en Europe », poursuit le Pr Gilly.
CHIP à visée préventive
Le service de chirurgie générale et digestive du Centre Hospitalier Lyon Sud est désormais un centre de référence pour ce traitement et il a structuré autour de lui un réseau de centres baptisé RENAPE (Réseau national de prise en charge des tumeurs rares du péritoine). La CHIP est désormais une technique acceptée, même si elle n’est toujours pas prise en compte dans le système de tarification à l’activité des hôpitaux et n’est donc pas encore remboursée par la Sécurité sociale. Avec un coût qui s’élève à plus de 38 000 euros pour un patient, intégralement supporté par l’hôpital, la CHIP fait parfois l’objet de restrictions de budget. « Aux hospices civils de Lyon, nous avons la chance de ne pas être restreints par l’hôpital sur le nombre de patients traités. Nous utilisons la CHIP pour 150 à 170 patients par an », indique le Dr Olivier Glehen, actuel chef du service de chirurgie générale et digestive, qui a repris le flambeau du Pr Gilly. Mais à Paris par exemple, l’Institut Gustave Roussy, qui fait aussi partie du réseau RENAPE, ne prend en charge que 50 traitements de ce type par an. Malgré tout, l’avenir de la CHIP réside peut-être dans une utilisation à visée préventive. Deux études randomisées sont en cours, dans le cancer du côlon et de l’estomac. « On réopère des patients sept mois après l’ablation de la tumeur primitive et on leur fait une CHIP, explique le Dr Glehen. Les premiers résultats montrent que, lorsqu’on ouvre l’abdomen, la moitié d’entre eux a déjà de nouvelles tumeurs, difficiles à voir. » L’étude sur le cancer du côlon devrait se terminer à la fin du mois de mars.
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