LE GEFITINIB (Iressa) est, on le sait, un inhibiteur de tyrosine-kinase qui cible l’EGFR et qui a démontré son efficacité dans les CPNPC associés à une mutation génétique de l’EGFR (les CPNPC représentent 85 % des cancers du poumon et 10 à 15 % [30 à 40 % des Asiatiques] de ces patients présentent une mutation EGFR).
IPASS (Iressa Pan-Asia Study) est une étude (en ouvert, randomisée, en groupes parallèles) qui a comparé le gefitinib à l’association carboplatine-paclitaxel, en première ligne, chez 12 % des patients présentant des CPNPC à un stade avancé (des adénocarcinomes). Les premiers résultats de l’étude, présentée à l’ESMO 2008, ont montré qu’Iressa augmentait significativement le taux de survie sans progression (PFS pour Progression Free Survival) : 9,5 mois versus 6,5 mois (HR = 0,48 ; IC95 % : 0,35-0,64 ; p < 0,001), l’augmentation étant particulièrement importante chez les patients présentant la mutation EGFR. C’était la première fois qu’une thérapie ciblée démontrait sa supériorité sur la chimiothérapie optimale, en cas de mutation EFGR.
Des résultats qui ont conduit à l’AMM européenne dans ce groupe de patients ; 300 000 ayant reçu le produit à ce jour.
Les résultats complets de l’étude, présentés à l’ESMO 2010, confirment ces données mais ils relancent aussi les débats sur les critères d’évaluation des anticancéreux. En effet, si l’on considère la survie globale (OS) il n’y a pas de différence significative entre les deux mois de l’étude (18,8 mois versus 17,4 mois) (HR = 0,90 ; IC95 % ; 0,79-1,02 ; p = 0,11). La différence n’est pas davantage significative chez les patients présentant la mutation EGFR (21,6 mois vs 21,9 ; HR = 1,00 ; IC95 % ; 0,76-1,33).
Par ailleurs, il se confirme que les patients présentant une mutation ont, globalement, une survie plus longue (22 mois contre 11-12 mois).
PFS ou OS.
Mais on l’a dit, ces résultats ont surtout relancé les débats sur les places respectives de la PFS et de l’OS dans le traitement des CPNPC, comme l’a très bien montré le Pr J. C. Soria (IGR, INSERM U981). En effet, l’OS qui est considéré comme le « gold-standard » par les autorités de santé ne traduit pas totalement la réalité de la prise en charge car on constate qu’après la fin de l’essai, 52 % des patients du groupe chimiothérapie ont été mis sous inhibiteur de la tyrosine-kinase (41 % sous gefitinib), ce qui a conduit le Pr Soria à penser que pour la survie globale « c’est moins l’ordre des séquences thérapeutiques qui compte que le fait que les patients aient reçu, ou non, un inhibiteur de la tyrosine-kinase ».
Cependant, conclut le Pr Soria, ces données ne doivent pas remettre en cause l’utilisation du gefitinib en première ligne chez les patients présentant une mutation EGFR, et cela pour plusieurs raisons : augmentation significative de la PFS, amélioration plus marquée des symptômes et de la qualité de vie, sans oublier les avantages pratiques d’un traitement per os.
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