« EN FRANCE, en mai dernier, 1,1 million de jeunes femmes avait été vaccinées contre les HPV, 2,7 millions de doses avaient été distribuées. Moins de 25 % des jeunes filles de 14 ans en ont bénéficié. Nous manquons en France d’un programme organisé. Tant que la compliance n’atteindra pas 50 % de la population cible, nous ne pourrons tirer de conclusions sur la diminution future des cancers du col pour cette cible. » Mais après trois ans de commercialisation en France et quatre aux États-Unis, les premiers constats sur les vaccins contre les papillomavirus sont plus que satisfaisants. Les prévisions sont au moins égales à ce qui était attendu, comme le rapporte et le détaille le Dr Joseph Monsonego (Institut du col, Paris). Satisfaction sur la qualité de l’immunisation, sur sa durée, sur la tolérance…
Les données enregistrées sur l’efficacité des 2 vaccins se confirment dans le temps, poursuit-il. Après quelques quatre ans, elle se maintient sur tous les paramètres. « Sur une population naïve, de 15 à 25 ans, n’ayant jamais été au contact avec les virus du vaccin et après avoir reçu les 3 doses et ce jusqu’à 7 mois après la vaccination, l’efficacité reste proche de 100 %, sur les lésions dues aux types viraux associés aux vaccins. Ils sont bien immunogènes. » Même si pour un vaccin le taux d’anticorps diminue essentiellement face à l’HPV 18, son efficacité n’est pas altérée. « Elle demeure proche de 100 %. Il n’existe pas de corrélation entre le taux minimum d’anticorps et l’efficacité. Cette derniere se juge sur la prévention des lésions de haut grade qui est excellente. »
Autre constat positif, « il existe une mémoire immunitaire. Même en cas de baisse des anticorps, un challenge antigénique suscite une élévation rapide et importante des anticorps. Le contact avec un papillomavirus vaccinale peut réactiver de la même façon l’immunité ».
Confirmation également, ajoute Joseph Monsonego, pour la protection croisée. Ces années de recul montrent qu’elle existe bien vis-à-vis des papillomavirus proches des types 16 et 18. Globalement, elle assure une protection aditionnelle de 5 à 10 %.
L’idée d’élargir.
À la lumière de ces données, l’idée d’élargir la vaccination à des femmes de plus de 25 ans a fait son chemin. Une étude a été menée chez dans une population de 24 à 45 ans. Les participantes ont bénéficié d’un vaccin quadrivalent. Les comparaisons d’efficacité ont été réalisées sur les lésions cervicales (dysplasies, CIN, condylomes). L’étude P19 montre que chez une femme adulte qui se trouve dans les mêmes conditions vis-à-vis des virus du vaccin (naïve) que celles des essais réalisés chez les 15-25 ans, l’efficacité vaccinale est de 85 % sur les infections persistantes à HPV 6, 11, 16 et 18 et les lésions de CIN et condylomes associés.
Une analyse épidémiologique menée dans le cadre de cette étude suggère que 70 % des femmes adultes de plus de 25 ans peuvent potentiellement et à titre individuel tirer bénéfice d’une vaccination. En effet, 30 % des participantes sexuellement actives du groupe témoin avaient une sérologie positive pour un HPV. « Et donc 7 sur 10 n’ont jamais rencontré ces virus. » Poussant les conclusions plus avant, il a été possible d’établir des critères cliniques d’exclusion d’une hypothétique vaccination contre les HPV, quel que soit l’âge et susceptibles d’etre à risque plus élevé d’infection incidente aux HPV du vaccin : divorcée ou séparée, plus de 4 partenaires au cours de la vie, plus de 2 partenaires au cours des six derniers mois.
Dernier point au plan du bilan vaccinal, les garçons. Un essai a été mené chez des jeunes hommes de 16 à 26 ans, hétérosexuels. Lorsqu’ils se trouvent dans les mêmes conditions de naïveté vis-à-vis du virus que les jeunes femmes des essais, « l’efficacité est de 90 % sur les lésions génitales externes. Mais alors que le vaccin chez les jeunes filles fait diminuer l’infection et la circulation virale chez les garçons, l’inclusion du garçon en perspective d’influer sur le cancer du col ne procure pas un bon rapport coût/bénéfice. Il montre, en revanche, un intérêt dans la prévention des condylomes acuminés », conclut le Dr Monsonego.
Resultats rapportés lors du Congrés EUROGIN 2010(www.eurogin.com).
Conflits d’intérêt : J. Monsonego a coordonné les essais cliniques en France pour le vaccin quadrivalent et bivalent et a reçu à ce titre une subvention de recherche.
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