« LA RENCONTRE avec le cancer du sein doit changer. Elle est entrain de changer ». C’est par ces mots que le Pr Dominique Maraninchi, président de l’Institut national du cancer (INCa) a ouvert la conférence de presse de lancement de la cinquième édition d’Octobre rose, le mois dédié au dépistage organisé du cancer du sein. « Après des années d’hésitation, l’État a décidé d’offrir ce service à l’ensemble de la population. Et il ne s’agit pas d’une action au rabais mais d’un service de qualité », a-t-il déclaré.
Cinq ans après sa généralisation, plus d’une femme sur deux (52,5 % des 50 à 74 ans) a eu recours au dispositif, soit une augmentation de 12 % en quatre ans. Le bilan est encourageant, avec un taux de 6,3 cancers diagnostiqués pour 1 000 femmes dépistées ; 6,4 % le sont à la suite de la seconde lecture, un atout majeur du programme. La majorité des cancers est dépistée à un stade précoce de cancer in situ ou de cancers invasifs de taille inférieurs à 10 mm sans envahissement ganglionnaire. Ce qui augure d’un taux de survie à 5 ans de 90 %. Le dispositif est donc « simple et efficace » et il bénéficie de critères de qualité exigeants : expertise de radiologues formés au dépistage du cancer du sein(500 mammographies par an pour et au moins 2 000 supplémentaires pour la deuxième lecture) ; matériel aux normes strictes (2 contrôles par an). Depuis février 2008 (arrêté paru au « Journal officiel »), recourir à la mammographie numérique est possible.
En dépit de ces résultats, le dépistage organisé « doit encore convaincre ». Plus de 40 % des 8 millions de femmes éligibles sur une période de deux ans qui sont invitées à se faire dépister gratuitement et sans avance de frais ne le font pas, soit parce qu’elles ont recours au dépistage individuel (10 %) soit parce qu’elles ne se font pas dépister.
Perception du dépistage.
Une enquête INCa/BVA, « Les Français face au dépistage des cancers », réalisée entre janvier et février 2009, montre une forte notoriété du dépistage, dont l’existence est largement connue du grand public : 99 % des femmes de 50 à 74 ans le connaissent ; 87 % identifient la mammographie ; 72 % ont intégré le message de régularité (tous les deux ans). Parmi celles qui ne se sont pas fait dépister, 64 % déclarent vouloir le faire à l’avenir dans le cadre du dépistage organisé. Cependant, il existe des freins au dépistage liés à des problèmes d’accès aux soins, à des facteurs socio-économiques (populations migrantes) et aux représentations liées au cancer et au dépistage. On note en particulier une confusion entre dépistage et diagnostic précoce : 26 % des personnes interrogées (44 % des femmes non dépistées) déclarent que la mammographie est uniquement nécessaire si des douleurs ou symptômes sont ressentis. Par ailleurs, la valeur ajoutée du dépistage organisé par rapport au dépistage individuel n’est pas bien perçue. « Beaucoup de femmes pensent qu’il s’agit d’une action plus sociale que de santé publique avec un dépistage à la chaîne », note le Pr Maraninchi.
Des brochures spécifiques.
L’implication des professionnels de santé apparaît comme un facteur d’adhésion essentiel. Parmi les femmes qui ont participé au dépistage, 61 % déclarent l’avoir fait parce que leur médecin leur en a parlé. Pour l’édition 2009 d’Octobre rose, un programme d’information spécifique a été mis en place en direction des médecins traitants, gynécologues, médecins du travail et pharmaciens. Les médecins généralistes en particulier, pourraient se sentir exclus du dépistage du fait de l’accès direct à la mammographie offert aux femmes et de l’implication forte des gynécologues. Une brochure encartée dans le bulletin du Conseil de l’Ordre des médecins va leur être envoyée et des délégués de l’assurance-maladie leur remettront des fiches synthétiques lors de visites programmées pour les mois d’octobre et de novembre. Un courrier a été adressé aux gynécologues, très impliqués, mais qui, selon l’INCa, « privilégient parfois le dépistage individuel » ; ils recevront également une brochure réalisée en partenariat avec le Syndicat des gynécologues de France (SYNGOF). Les médecins du travail pourront, eux, recevoir à la demande des documents spécifiquement réalisés à leur intention. Les documents de la campagne sont disponibles sur le site de l’INCa (www.e-cancer.fr).
La campagne nationale grand public met l’accent sur les qualités du programme national et tente de vaincre les freins psychologiques et les résistances au dépistage. « Le dépistage doit s’inscrire dans la vie des femmes », a souligné Anne Ramon, directrice de l’information des publics à l’INCa. Un partenariat exceptionnel a été signé avec la série télévisée « Plus belle la vie », regardée par 6 millions de téléspectateurs tous les soirs. Quatre comédiennes ont accepté d’enregistrer un message qui sera diffusé sur les radios RTL et Nostalgie. L’ensemble du dispositif comprend un roman-photo distribué à 2 millions d’exemplaires dans le magazine « Version Fémina », 50 000 affichettes, 200 000 cartes postales, des objets promotionnels, tandis que d’actions ciblées seront conduites en direction des départements d’Outre-mer et des populations migrantes ( via les radios de la diversité et les associations).
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