COMME LE rappelle le Pr Nicole Basset-Séguin, les thérapies ciblées sont des traitements qui visent à toucher une voie moléculaire particulière supposée être impliquée dans la genèse d’un cancer. Cette nouvelle approche s’adresse tout d’abord à des tumeurs non opérables pour lesquelles la chimiothérapie n’est généralement que palliative. Elle est déjà utilisée dans un certain nombre de cancers digestifs, mammaires ou ORL notamment. En dermatologie, deux voies sont à l’étude. La première fait appel à un inhibiteur des récepteurs de l’EGF (epidermoid growth factor), le cetuximab (Erbitux), qui a une AMM dans les cancers du colon et dans les carcinomes épidermoides de la tête et du cou. Cette molécule cible les tumeurs qui expriment fortement les récepteurs de l’EGF. Elle a fait l’objet d’un essai multicentrique français coordonné par Eve Maubec (hôpital Bichat, Paris), dont les résultats devraient être publiés prochainement. Dans cet essai, le cetuximab a été utilisé en monothérapie chez des patients présentant un carcinome épidermoide cutané soit inopérable, soit métastatique, exprimant les récepteurs de l’EGF. Les résultats semblent modestes, mais des données expérimentales reportées par plusieurs équipes tendent à monter qu’ils pourraient être nettement meilleurs lorsque le cetuximab est associé à la radiothérapie. Des études devraient permettre de le vérifier. On sait déjà que ce traitement est bien toléré, les principaux effets secondaires sont des rashs allergiques ou acnéiformes, note le Pr Nicole Basset-Séguin. Le cétuximab a également été testé chez des patients ayant un carcinome basocellulaire exprimant les récepteurs de l’EGF, mais les données sont encore anecdotiques.
La deuxième approche de thérapie ciblée en dermatologie repose sur une molécule anti-smo, qui a fait l’objet d’un essai de phase 1 dans les carcinomes basocellulaires métastatiques ou localement avancés. On a en effet découvert récemment le rôle de la voie Patched/Sonic Hedgehog dans la prédisposition et l’oncogenèse du carcinome basocellulaire. Les mutations des gènes codant pour les protéines homologues Patched 1 (PTCH1) et Smoothened (smo) ont été mises en évidence dans ces tumeurs. Un inhibiteur de smo a été mis au point et son efficacité ainsi que sa pharmacocinétique ont été évaluées dans cet essai portant sur 33 patients. La durée médiane de l’étude a été de 9,8 mois. Dix-huit patients ont présenté une réponse objective, soit sur l’imagerie (7 sujets), soit sur la clinique (10 patients) soit sur les deux (un patient). Deux patients ont eu une réponse complète et les 16 autres une réponse partielle. Chez les patients n’ayant pas répondu au traitement, onze ont gardé une affection stable et seulement 4 ont vu leur maladie progresser. Le traitement a été bien toléré, les principaux effets secondaires étant une fatigue et une perte de goût. Ce traitement, qui a en outre l’avantage d’être administré par voie orale, apparaît donc aujourd’hui comme une alternative thérapeutique particulièrement intéressante, à condition de respecter certaines précautions d’utilisation en raison de ces effets tératogènes. Un essai de phase 2 en cours devrait permettre de confirmer son efficacité.
D’après un entretien avec le Pr Nicole Basset-Seguin, Service de Dermatologie, hôpital Saint-Louis, Paris
D. Von Hoff et al. New Engl J Med 2009 ; 361-
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