« HISTORIQUEMENT, les médecins radiologues libéraux sont les acteurs de terrain du dépistage organisé du cancer du sein », rappelle le Dr Jacques Niney, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR). C’est sous l’impulsion de la FNMR que le dépistage du cancer du sein a été expérimenté, en 1989, dans six départements, jusqu’à sa généralisation sur tout le territoire en 2004. Depuis cette date, le dépistage organisé (une mammographie tous les deux ans) a progressé régulièrement. En 2008, plus d’une femme sur deux, entre 50 et 74 ans, y a participé ; aujourd’hui, le taux de participation tourne autour de 55 %, tandis que le dépistage individuel s’élève à 23 % environ. « Le dépistage organisé est un gage de qualité », indique le Dr Niney, puisque les clichés de la mammographie sont systématiquement relus une deuxième fois, ce qui n’est pas le cas lors d’un dépistage individuel. « Nous voulons motiver les radiologues, les structures de gestion, les médecins demandeurs et les femmes pour que le taux de participation au dépistage atteigne 75 % », ajoute le président de la FNMR, en précisant que le dépistage contribuerait à réduire de 30 % le taux de cancer du sein.
Avec 11 201 décès par an, le cancer du sein se situe au premier rang des décès par cancer chez la femme. La participation des radiologues libéraux (plus de 2 000 cabinets) est déjà importante, puisque 87 % d’entre eux y sont engagés et que 8 mammographies sur 10 sont réalisées dans leur cabinet. En outre, la FNMR a accru le niveau de formation des médecins radiologues et de leurs collaborateurs au dépistage du cancer du sein par le biais de son organisme de formation, le FORCOMED. La charte des patients, élaborée en lien avec les associations, formalise dix engagements du médecin radiologue, lesquels concernent la qualité de l’accueil et l’information du patient ainsi que l’implication du médecin dans la coordination des soins.
Si tout est donc mis en œuvre pour faire progresser la participation au dépistage organisé, le point faible reste du côté du maillage territorial des structures de radiologie. Un rapport du Haut Conseil pour la santé publique a mis en évidence la relation entre le taux de participation des femmes concernées par le dépistage (et notamment dans la tranche la plus âgée) et le nombre de cabinets de radiologie libérale dans une zone géographique. Or, la Cour des comptes a récemment relevé le retard de la France en termes d’équipements lourds d’imagerie médicale, IRM et scanners. Depuis 2007, indique la FNMR, « le gouvernement a imposé plusieurs plans d’économie qui se sont traduits par des coupes claires dans le tarif des actes d’imagerie. L’équilibre économique des cabinets de radiologie libérale de proximité a été remis en cause », incitant plusieurs dizaines de cabinets à fermer leurs portes ou à se regrouper.
Qui doit financer l’archivage ?
Par ailleurs, au début de 2010, la caisse a décidé, après un arrêt du Conseil d’État, de supprimer la cotation de l’archivage des examens d’imagerie médicale pourtant pris en charge depuis 2007. Ainsi, si la mammographie est gratuite dans le cadre du dépistage organisé, une participation de plusieurs euros (de 3 à 10) est parfois demandée par les cabinets d’imagerie médicale pour l’archivage de l’examen numérique. Pour les Comités féminins pour la prévention et le dépistage des cancers, cette contribution va à l’encontre du principe de gratuité du dépistage. La question du financement de l’archivage « n’est pas le problème du patient, c’est le problème du cabinet » regrette la présidente de la Fédération nationale des Comités féminins, Élisabeth Bernigaud.
« L’examen de dépistage est et reste gratuit », corrige le Dr Niney. Bien que l’archivage soit notamment indispensable à la coordination des soins, il n’est pas obligatoire : la participation financière ne peut donc intervenir « qu’après information et accord de la patiente ». Mais la situation présente n’est pas satisfaisante reconnaît la FNMR, qui appelle la CNAMTS à prendre à nouveau en charge l’archivage dans le cadre du dépistage du cancer du sein.
Les radiologues libéraux souhaitent également que le gouvernement examine un projet de restructuration de l’imagerie médicale que la FNMR a établi avec son homologue hospitalier. Ce projet reposerait sur la création de pôles sectoriels d’imagerie médicale (POSIM) qui permettrait, dans une zone géographique donnée, un regroupement de moyens entre plusieurs acteurs de l’imagerie médicale, public ou privés afin d’assurer le fonctionnement « d’un plateau d’imagerie complet et diversifié, de taille suffisante et mutualisé tout en assurant la radiologie de proximité ».
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