Des travaux lyonnais dans le neuroblastome

Les récepteurs à dépendance, nouvelle piste anti-cancer

Publié le 09/03/2010
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DEPUIS UNE DIZAINE d’années, l’équipe de Patrick Mehlen (Laboratoire Apoptose, cancer et développement, CNRS, Université de Lyon 1, centre Léon-Bérard) travaille sur les récepteurs à dépendance cellulaires qui, en l’absence de leur ligand, induisent un signal qui conduit la cellule à mourir. Ces récepteurs contrôlent la progression tumorale : les cellules tumorales surnuméraires se retrouvent en compétition pour fixer le ligand disponible et sont amenées à mourir via leur récepteur à dépendance.

Des cellules produisent leur propre ligand.

Les chercheurs lyonnais se sont intéressés au récepteur à dépendance TrkC et à son ligand, la neurotrophine-3 (NT-3). Dans des cancers pédiatriques comme le neuroblastome, la présence de TrkC est un facteur de bon pronostic. Les chercheurs ont donc cherché à savoir si TrkC pouvait contrôler la progression tumorale. Ils ont étudié des échantillons issus de tumeurs particulièrement agressives. Résultat : près de 40 % des tumeurs de neuroblastome parmi les plus agressives produisent elles-mêmes le ligand NT-3 afin de pouvoir progresser sans déclencher la mort induite par le récepteur à dépendance TrkC. En empêchant les cellules tumorales de produire NT-3, les chercheurs ont rétabli la mort cellulaire.

L’équipe lyonnaise a également mis au point un modèle de progression tumorale dans l’œuf de poulet, modèle proche du développement embryonnaire, caractéristique du neuroblastome. Sans entrer dans les détails de ce modèle, en appliquant un traitement qui bloque la liaison de NT-3 à son récepteur TrkC, les chercheurs ont observé une diminution du nombre de métastases et une réduction de la taille des tumeurs primaires formées. Ils ont également obtenu des résultats similaires dans un modèle murin de tumorigenèse.

« Les résultats, indique un communiqué, apportent la preuve qu’interférer avec la liaison TrkC/NT-3 peut constituer une nouvelle stratégie thérapeutique ciblée. Cette découverte est protégée par un brevet.

Qu’en est-il pour d’autres cancers ? Des résultats préliminaires suggèrent que le couple TrkC/NT-3 pourrait avoir également un rôle important dans le cancer du sein.

Start-up du Laboratoire Apoptose, cancer et développement, la société Netris Pharma, développe des agents thérapeutiques ciblant NT-3. Les phases de développement pré-clinique devraient débuter prochainement.

Bouzas-Rodriguez J. et coll. Journal of Clinical Investigation, mars 2010.

 Dr EMMANUEL DE VIEL

Source : Le Quotidien du Médecin: 8724