La présence de métastases hépatiques concerne un quart des cancers colorectaux au moment du diagnostic et 50 % de ces cancers au cours de leur évolution. « Ces métastases ne sont résécables d’emblée que dans 15 % des cas, rappelle le Dr Thibault Mazard. Dans les autres cas, une chimiothérapie est proposée avec l’espoir de rendre la maladie résécable, la chirurgie permettant d’améliorer significativement la survie ».
Des thérapies systémiques complexes
Les protocoles se sont récemment complexifiés avec l’arrivée de deux types de thérapies ciblées qui sont combinées à la chimiothérapie conventionnelle : les anticorps bloquant le récepteur du facteur de croissance épidermique (EGFR) utilisés chez les patients non mutés RAS et les anticorps anti-angiogéniques, avec le bévacizumab en tête de ligne, en cas de mutation. Le recours à des trichimiothérapies associant le 5FU, à l’irinotécan et à l’oxaliplatine (Folfirinox) est aussi de plus en plus répandu puisque comparativement à une bichimiothérapie, elles s’accompagnent d’une augmentation des taux de réponse, et peuvent ainsi permettre à plus de patients d’accéder à la chirurgie.
Très récemment, l’étude METHEP II a comparé trichimiothérapie + thérapie ciblée vs bichimiothérapie + thérapie ciblée. L’objectif, qui était d’amener plus de patients à la résection complète de la maladie hépatique dans le bras trichimiothérapie n’a pas été atteint même si une tendance semble se dégager. Par contre la survie globale des patients était meilleure dans ce bras. « Des analyses plus poussées sont en cours afin d’essayer de tirer des enseignements pratiques de cette étude », souligne le Dr Mazard.
Développement de traitements locaux
Parallèlement à l’intensification des traitements par voie générale, d’autres stratégies de traitements plus locaux sont en développement. La chimiothérapie délivrée directement en intra-artérielle hépatique pourrait aussi optimiser la réponse au traitement, « mais nous manquons encore de données pour valider définitivement cette approche, indique le Dr Mazard. La radio-embolisation est aussi une piste intéressante mais pose le problème de son coût ».
En tout cas, ces différentes avancées, associées aux progrès des techniques chirurgicales, font que de moins en moins de patients restent définitivement non résécables et qu’il faut savoir rediscuter la chirurgie.
D’après un entretien avec le Dr Thibault Mazard, Montpellier
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