Les personnes atteintes d'un cancer sont-elles plus à risque de contracter le SARS-CoV-2 ?
Le rythme de progression des infections est plus faible qu'au printemps dernier, notamment grâce aux gestes barrières. Mais la reprise épidémique se confirme. Il y a malheureusement plus de 200 morts hospitalières tous les jours, en augmentation régulière. Ce sera sans doute plus de 600 à la fin du mois de novembre. Il faut arriver à casser cette courbe, c’est le but du reconfinement. Dans ce contexte, les personnes atteintes de cancer, contrairement à ce que l'on a craint et à ce que nous avaient dit nos collègues chinois, ne sont pas plus fragiles à l'infection Covid-19 que la population générale. À l’exception des personnes qui sont sous traitement par polychimiothérapie et qui ont une immunosuppression plus ou moins sévère.
Quel a été l'impact de la poussée épidémique du printemps dernier sur le dépistage et le diagnostic du cancer ?
La situation est difficile pour les personnes atteintes de cancer ou devant se faire diagnostiquer. Les retards de dépistage et de diagnostic sont problématiques. Durant la première vague, la totalité des dépistages organisés a été supprimée. De plus, seul 50 à 70% des diagnostics de cancer ont été faits durant les mois de mars, avril et mai. Ce retard n'a pas été rattrapé. Les dépistages systématiques n'ont repris qu'en juin.
Quelles sont, aujourd'hui, les conséquences sur le diagnostic de la maladie ?
Il reste de grandes difficultés pour les examens diagnostiques. Par exemple, les endoscopies colorectales ou les fibroscopies bronchiques sont restées très incertaines à réaliser du fait de la non-disponibilité des produits. Le rationnement des anesthésiques et les retards accumulés pendant le confinement font que certains gestes chirurgicaux simples (à visée diagnostique) n'ont pas été effectués au rythme et à la vitesse permettant un rattrapage. Les patients subissent des retards de diagnostic et de début de traitement de plusieurs mois. Cela engendre des risques significatifs. Gustave Roussy a évalué entre 2 et 2,5 % la surmortalité liée à ces retards de diagnostics et de traitements. Cela représente 4 000 à 4 500 morts de plus chaque année. Alors que la 2e vague de Covid-19 impose le reconfinement du pays, la Ligue est très inquiète pour les patients.
N'est-il pas trop risqué pour un patient cancéreux de se faire soigner à l'hôpital et dans les centres de lutte contre le cancer, compte tenu du contexte sanitaire actuel ?
La Ligue contre le cancer souhaite sonner la mobilisation générale en faisant passer aux personnes chez lesquelles un cancer pourrait être suspecté, le message suivant : aujourd'hui, pour vous, le danger c'est le non-diagnostic de votre cancer et le retard au début du traitement et non une infection par le Covid-19. Car des mesures ont été prises pour vous en protéger au maximum.
En effet, dans les CHU et les centres de lutte contre le cancer, les circuits entre les personnes venant consulter en cancérologie et celles suspectées d'avoir le SARS-CoV-2 sont séparés. Les risques de contracter le virus sont plus importants en restant dans une longue file d'attente dans la rue pour effectuer un test PCR au laboratoire qu'en se rendant en consultation dédiée au cancer. Malgré le reconfinement, il faut, plus que jamais, continuer à se battre contre le cancer.
Parmi les médicaments en pénurie signalés à l’ANSM en 2017, 22 % concernaient la cancérologie. Où en est-on aujourd'hui ?
Une quarantaine de médicaments d'intérêt thérapeutique majeur en cancérologie sont en pénurie fréquente. Par exemple, le BCG dédié aux instillations vésicales est en pénurie depuis six mois. Les conséquences sont parfois dramatiques. Nous sommes mécontents car il avait été voté, lors du denier projet de loi de financement de la sécurité sociale (LFSS 2020), l'obligation de constituer des stocks de médicaments de quatre mois. Or ce délai a été ramené à un mois : c'est insuffisant. Un amendement a été déposé dans le cadre de la discussion du projet de LFSS 2021, mais il a été repoussé. Nous allons bientôt repartir à l'attaque en session plénière pour discuter des pénuries de médicaments.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024