Moins d’une femme éligible sur deux (46,5 %) a participé au dépistage organisé (DO) du cancer du sein en 2022-2023, un recul par rapport à la période 2021-2022 (47,7 %). Si, chaque année, 10 à 15 % des femmes n’y participant pas réalisent un dépistage individuel, la couverture reste en retrait de l’objectif européen de 70 %.
Mise en place en 2004, la mesure cible les femmes âgées de 50 à 74 ans, sans symptôme ni autre facteur de risque que l’âge. Elles sont invitées à effectuer une mammographie de dépistage complétée par un examen clinique des seins. Une deuxième lecture de la mammographie est effectuée par un radiologue différent de celui qui a mené l’examen initial.
Un pic de participation en 2012
Grâce au DO, 6 cancers du sein sur 10 sont diagnostiqués à un stade précoce. Le taux de détection de cancer apparaît en augmentation régulière, en cohérence avec l’augmentation observée de l’incidence du cancer du sein en population générale et à la faveur de l’amélioration des pratiques de dépistage.
Malgré ses bénéfices, le DO ne suscite pas une participation suffisante. Après avoir augmenté jusqu’en 2011-2012, pour atteindre un pic à 52,3 %, la participation au programme a diminué progressivement, pour toutes les tranches d’âge et dans toutes les régions. Une baisse importante a été observée en 2020, en raison de l’épidémie de Covid. Et si un rattrapage est intervenu en 2021, les niveaux atteints ne rejoignent pas le pic de 2012 et la participation ne parvient pas à décoller.
La situation mobilise les professionnels, alors que le cancer du sein provoque 12 000 décès par an. Depuis le 1er janvier 2024, l’Assurance-maladie a repris la main sur l’envoi des invitations et des relances, auparavant géré par les Centres régionaux de coordination de dépistage des cancers (CRCDC). Dans un rapport, l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) pointait d’importantes variations territoriales, justifiant un pilotage national. Les CRCDC gardent la charge du suivi des dépistages, de la formation et de l’information des professionnels et de « l’aller vers » auprès des populations les moins participantes.
Des actions ciblées sur les populations éloignées des soins
L’Assurance-maladie, forte de son expérience pendant la première campagne vaccinale contre le Covid, a également créé sept plateaux d’appels téléphoniques pour relancer les populations les plus éloignées des soins. Les discours « motivants » des appelants sont efficaces pour gagner « quelques points » de participation, assure la Dr Catherine Grenier, responsable des usagers de la Caisse nationale d’Assurance-maladie (Cnam). Cette dernière met aussi à disposition de chaque médecin traitant des informations sur ses patients éligibles non dépistés.
La Haute Autorité de santé (HAS) propose par ailleurs des évolutions. Dans un avis publié en 2023, elle recommande l’introduction de la tomosynthèse (3D) dans le DO, à condition qu’elle soit systématiquement associée à la reconstruction d’une image 2D synthétique (3D + 2Ds). La technique est utilisée en France depuis 2009, en dehors du DO, chez des femmes à haut risque de cancer du sein ou dans le cadre de la surveillance d’un cancer diagnostiqué. En parallèle du déploiement progressif de cette procédure, la HAS recommande le maintien de la mammographie 2D, la 2Ds n’étant pas utilisable en deuxième lecture sans dématérialisation de l’envoi des clichés.
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