Cancéropôle d’Ile-de-France

Nouvelle alliance pour décloisonner la recherche

Publié le 07/07/2011
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PARMI LES 7 cancéropôles implantés dans l’Hexagone, celui d’Île-de-France, créé en 2004 et devenu groupement d’intérêt public (GIP) en 2007, se distingue par sa taille et le volume de grandes institutions qu’il englobe. Première région en termes de recherche sur le cancer, l’Ile-de-France représente 42 % des forces nationales en recherche et en soins, mais aussi 60,3 % des publications dans les revues d’excellence.

2011est l’année du changement pour l’instance francilienne, labellisée en juin par l’INCa, comme les six autres cancéropôles. S’accompagnant d’une dotation globale de 21,7 millions d’euros, le label s’appuie sur les rapports d’évaluation de l’Agence d’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (AERES), qui ont notamment proposé des pistes d’optimisation pour les différents cancéropôles. Dans le cas de l’Île-de-France, « l’effort de décloisonnement institutionnel reste un enjeu majeur compte tenu de l’importance quantitative et qualitative du potentiel scientifique concentré dans les établissements partenaires », souligne l’INCa.

Nouvellement élu à la tête du cancéropôle francilien, le Pr François Sigaux entend « faire rapidement émerger une véritable alliance de cancérologie » au sein de la région. Il s’agit notamment de créer du lien entre l’institut Curie (label INCa centre intégré de recherche en cancérologie), l’institut Gustave Roussy (chaire d’excellence des CHU en oncologie), l’institut universitaire d’hématologie de l’hôpital Saint-Louis (chaire d’excellence des CHU en hématologie) ainsi que les nombreux services d’excellence de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

Pour s’adapter aux enjeux du deuxième plan Cancer (2009-2013), le cancéropôle a décidé de recentrer son action autour de trois grands axes stratégiques (contre sept initialement) : recherche fondamentale, recherche translationnelle et clinique, recherche épidémiologique autour des inégalités liées au cancer.

Liens industriels.

En matière de recherche fondamentale, l’un des principaux objectifs consiste à mieux comprendre les mécanismes de réponse immunitaire antitumoral pour arriver à identifier de nouvelles stratégies thérapeutiques efficaces. « Avec les nombreux traitements existants, on arrive désormais à allonger la survie des patients mais on n’arrive pas forcément à guérir la maladie. De très aiguë, celle-ci devient chronique. Cela pose la question de la maladie résiduelle après traitement qui nécessite de revenir sur des questions fondamentales autour de l’évolution des tumeurs et de cellules souches tumorales », explique le Pr Éric Solary, directeur de la recherche à l’institut Gustave Roussy.

Autre axe stratégique, la recherche clinique et translationnelle. Le cancéropôle d’Ile-de-France souhaite fédérer l’action entre institutions autour de chefs de projet. « Nous devons absolument renforcer nos liens industriels », indique le Pr Sigaux. « Grâce aux pôles de compétitivité, nous avons commencé un rapprochement avec les industriels, tant en matière de dispositifs médicaux qu’en pharmacie », ajoute-t-il. Le nouveau partenariat mené depuis cette année avec l’Alliance pour la recherche et l’innovation des industries de santé (ARIIS) doit permettre à la région de gagner en visibilité. Récemment, le cancéropôle a reçu une délégation de sociétés américaines de la côte ouest conduite par la gouverneure de l’État de Washington.

Pour son troisième axe stratégique, le cancéropôle a choisi de participer à la réduction des inégalités face au cancer. S’appuyant sur des équipes de recherche en épidémiologie et en sciences humaines et sociales, ce programme doit permettre de « mieux comprendre les sources d’inégalités à l’origine des cancers » afin d’améliorer les politiques de prévention autour de la maladie. « Avec de meilleures connaissances sur les inégalités de prise en charge du cancer, on sera également en mesure de proposer des programmes d’intervention qui prennent en compte les difficultés de trajectoire de soins », évoque le Dr Jacqueline Clavel, directrice de l’équipe Épidémiologie environnementale des cancers à l’INSERM.

DAVID BILHAUT

Source : Le Quotidien du Médecin: 8994