Inhibiteurs de microtubules

Nouvelles démonstrations d'efficacité de l’éribuline (Halaven)

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Publié le 17/11/2016
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L’eribuline (Halaven), dérivée d’une éponge, agit en bloquant la phase de croissance de la dynamique des microtubules et, après blocage de diverses étapes de mitose cellulaire, en favorisant l’apoptose des cellules tumorales.

Le produit est commercialisé dans une soixantaine de pays, dont la France, pour le traitement du cancer du sein avancé ou métastatique, après au moins un protocole de traitement ayant comporté anthracycline ou taxane.

Au cours du congrès ESMO 2016, à Copenhague, l’étude ONSITE a confirmé l’efficacité et la tolérance du produit chez 59 patientes présentant un cancer du sein HER2 négatif avancé ou métastatique, en troisième ligne de traitement : la médiane de PFS est de 4,03 mois, celle de survie globale de 13,6 mois ; 75 % des patientes étant encore en vie à 20 mois de suivi. Les effets secondaires significatifs ou sévères sont dominés par les neutropénies fébriles (5 %) ou non (17 %).

Formes résistantes aux taxanes

L’étude Meribel a pour sa part étudié l’efficacité et la tolérance de l’éribuline en première ligne chez 53 femmes présentant un cancer du sein métastatique HER2/-, résistant aux taxanes (V. Ortega, Barcelone). Dans ce groupe dont le pronostic est sombre, l’éribuline procure un TTP (Time to Progression) médian de 4 mois, avec un taux à un an de 16,2 % (IC 95 % ; 7-37,5 %). La survie globale a un an est de 68,3 % (IC 95 % : 56,5 – 82 %), la médiane n’ayant pas été atteinte. Le taux de réponse est de 20,8 % et le bénéfice clinique de 26,4 % (14,5-38,3 %). Au plan de la tolérance, les effets indésirables modérés à sévères sont dominés par les neutropénies, l’anémie, l’alopécie, les troubles gastro-intestinaux et les neuropathies périphériques. Près de 15 % des patients ont dû interrompre le traitement pour ES mais aucun décès n’est à déplorer.

Du liposarcome au leiomyosarcome

Enfin, le Pr J-Y Blay (Lyon) a présenté les résultats de l’étude 309, concernant le sous-groupe pré-spécifié de leiomyosarcomes. Rappelons que cette étude a comparé l’efficacité de l’eribuline et de la dacarbazine chez 457 patients présentant un liposarcome ou un leiomyosarcome de grade élevé ou intermédiaire, après au moins deux lignes de traitement.

Globalement, l’éribuline assure une survie globale (OS) supérieure de 2,6 mois (13,5 vs 11,5 mois) (HR = 0,77 : 0,62 – 0,95 ; p = 0,017). Dans les liposarcomes, le gain est encore plus prononcé : 15,6 vs 8,4 mois (HR = 0,51 ; 0,35-0,75 ; p=0,006). Des résultats qui ont conduit l’EMEA à approuver l’utilisation de l’éribuline dans les liposarcomes en mai 2016.

Les résultats présentés à Copenhague portaient sur le sous-groupe pré-spécifié regroupant 309 leiomyosarcomes : la médiane de survie globale est équivalente sous eribuline (12,7 mois) et sous dacarbazine (13 mois), p = 0,5848. L’étude de la tolérance fait apparaître les effets secondaires connus des deux produits : neutropénie, asthénie, nausées, alopécie et constipation sous eribuline ; nausées, asthénie, thrombocytopénie, anémie et constipation, sous dacarbazine.

(1) Conférence de presse organisée par le laboratoire Esaï

Dr Alain Marié

Source : Le Quotidien du médecin: 9535