Lors du confinement, les patients ont déserté les services d’oncologie, créant un retard dans les traitements et de diagnostic. Même si cet été l’activité a été importante dans les établissements, cette inquiétude n’est que partiellement levée et UNICANCER, fédération des 18 Centres de lutte contre le cancer (CLCC), appelle les patients à consulter.
Covid-19 : rattraper le retard en restant vigilant
Il est difficile de savoir si le retard au diagnostic sera rattrapé et quelles seront exactement ses conséquences. « Les diagnostics tardifs chez des patients qui ne consultent plus en raison de la crise sanitaire du Covid-19 peuvent avoir un impact sur les chances de guérison, rappelle le Pr Jean-Yves Blay, président d’UNICANCER. Il y a eu entre 5 et 30 % de baisse d’activité de dépistage selon les structures pendant le pic épidémique ». En effet, le confinement a momentanément suspendu les programmes de dépistage, qui ont repris autour du 15 juin. « Il reste un embouteillage important qui n’est pas rattrapé alors même que la crise sanitaire se réaggrave, alerte le Pr Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer. Si les retards au diagnostic atteignent trois à six mois, il est incontestable qu’il y aura des chances perdues ». « Une étude nationale sur le long terme sera nécessaire afin d’évaluer les véritables répercussions sur la surmortalité des patients », reconnaît le Pr Blay.
Concernant l’évolution de la crise, « la situation virale est telle que nous militons pour que l’on monte d’un cran les précautions sanitaires », alerte également le Pr Axel Kahn. Au niveau des établissements, « nous prévoyons comment reprogrammer les opérations qui n’ont pas été réalisées, tout en intégrant d’éventuelles tensions hospitalières, notamment sur les capacités de réanimation, annonce Thierry Breton, directeur de l’INCa. Nous sommes relativement confiants ».
Stratégie décennale, Ségur, LPPR : vers de nombreuses évolutions
Le dernier plan à cinq ans de lutte contre le cancer s’est achevé fin 2019. « On a fait 90 % du programme prévu », souligne Thierry Breton. Le 8 mars 2019, l’INCa s’est vu confier la mission de proposer au gouvernement une stratégie décennale. Celle-ci inscrira dans ses objectifs la prévention, la réduction des séquelles et la lutte contre les cancers de mauvais pronostic. « Nous avons aujourd’hui une proposition que nous allons soumettre à la consultation publique avant de pouvoir la transmettre au gouvernement. Cette stratégie décennale pourrait être annoncée début 2021 », annonce Thierry Breton.
Quant au Ségur de la santé, « il a constitué une véritable avancée pour la valorisation des professionnels non médicaux, explique Sophie Beaupère, déléguée générale d’UNICANCER. En parallèle en 2020, on a signé neuf accords sur les parcours professionnels pour pouvoir valoriser les métiers ». Cependant, afin de pouvoir recruter et fidéliser les médecins, un enjeu majeur reste à résoudre : l’attractivité de certaines spécialités médicales, notamment médicotechniques.
Concernant la loi sur la recherche, elle est en cours d’examen à l’assemblée nationale. « Nous sommes très enthousiastes à l’idée d’un plan coordonné pour soutenir la recherche », reconnaît le Pr Blay. « Il faut davantage renforcer nos relations avec les universités par la signature de conventions bipartites avec les CLCC, nuance Sophie Beaupère. L’article 24 qui prévoit une coordination territoriale nécessite aussi des précisions. Nous sommes convaincus que la recherche en cancérologie doit d’abord découler d’une stratégie nationale ».
Des actions pour transformer la prise en charge
« Le traitement des patients à domicile est crucial. Le suivi du patient nécessite plus de fluidité et UNICANCER met en œuvre de nombreux outils et projets pour y contribuer », souligne le Pr Jean-Yves Blay. UNICANCER a notamment déposé en septembre 2019 le cahier des charges d’un projet d’expérimentation de suivi à domicile des patients sous thérapie orale. Il poursuit également le développement de PREparer MA Consultation (PREMACO), lancé en 2018. Il s’agit d’un outil digital qui recueille les données des patients quelques jours avant leur consultation. Actuellement testé dans plusieurs centres pilotes, il sera déployé dans l’ensemble des CLCC d’ici à 2021.
UNICANCER est aussi engagé depuis plusieurs années dans un programme de recherche international d’adaptation du dépistage du cancer du sein sur la base des caractéristiques moléculaires des patientes. S’inscrivant dans la médecine personnalisée, ce projet MyPeBS vise à développer un dépistage sur mesure.
Dans le sillon du plan France Médecine génomique 2020-2025, « on est aussi en train de déployer en routine la caractérisation moléculaire au diagnostic afin d’orienter la stratégie de traitement, et de suivre l’évolution des patients traités pour dépister et prévenir l’échec thérapeutique », s’enthousiasme le président d’UNICANCER.
Le recueil de données de santé en vie réelle reste également un axe prioritaire. « Nous avons la possibilité d’extraire des informations pertinentes pour voir le devenir des patients en « vraie » vie via le programme ESME », rappelle Jean-Yves Blay. Lancée en 2014 par UNICANCER, ESMÉ recense les données de patients pris en charge dans les 18 CLCC et certains hôpitaux dans le cancer du sein métastatique (24 000 patientes), de l’ovaire (10 000 patientes) et du poumon avancé et métastatique (23 000 patients). Pour l’exploitation des données, « nous avons créé en mai dernier une Direction des données de santé en oncologie », annonce Sophie Beaupère.
En 2020, un groupe de recherche en Intelligence Artificielle (IA) a également été mis en place pour réaliser des partenariats avec des start-up et renforcer le développement de la e-santé et de l’IA.
D’après la conférence de presse d’Unicancer, le 17 septembre 2020
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