LA PRISE EN CHARGE des cancers bronchiques métastatiques repose de manière standard sur la chimiothérapie. Mais l’efficacité des différentes combinaisons de chimiothérapies a aujourd’hui atteint un plateau ; dans le même temps, les progrès effectués sur le plan technique et des connaissances biologiques ont permis d’explorer davantage les anomalies biologiques présentes dans le contexte du cancer bronchique. L’idée est donc de caractériser ces anomalies afin de diriger vers elles les thérapies ciblées. Aujourd’hui, l’Institut national du cancer (INCa) recommande et soutient la recherche systématique de sept biomarqueurs chez tous les malades porteurs d’un carcinome bronchique primitif métastatique non-épidermoïde. Ce sont : les mutations activatrices de l’EGF-R, de résistance de l’EGF-R, de K-Ras, de B-Raf, de Pi3K, de HER2 et la translocation de EML4-ALK.
Innovation.
Côté médicaments, deux molécules ont l’AMM en traitement bioguidé de première ligne d’un cancer bronchique métastatique. Ce sont des inhibiteurs de tyrosine-kinases de l’EGF-R : l’erlotinib et le gefitinib. Un autre médicament est disponible mais dans le cadre d’une ATU nominative, le crizotinib, qui cible la translocation EML4-ALK. Un certain nombre de médicaments ciblant les autres anomalies sont en cours de développement et ne sont disponibles pour les patients que dans le contexte d’essais cliniques. « Étudier la physionomie des biomarqueurs chez les malades, c’est aussi leur permettre d’accéder à des traitements innovants à travers les essais cliniques », souligne le Pr Fabrice Barlesi. Toutes les études qui ont comparé la chimiothérapie au gefitinib ou à l’erlotinib chez les malades qui portaient la mutation activatrice de l’EGF-R ont montré qu’il y avait un taux de réponse, une survie sans progression et un profil de tolérance en faveur de la thérapie ciblée, sans qu’il y ait à ce jour de différence sur la survie globale. Des études comparant la chimiothérapie au crizotinib sont en cours. « Quand le médicament bioguidé est donné en première ligne ou après, il est en général toujours efficace, souligne F. Barlesi. Malheureusement, il y a une partie des patients qui ne reçoivent jamais de traitement de deuxième intention, il y a donc une logique à essayer de cibler le plus tôt possible l’anomalie biologique ».
Biomarqueurs France.
La maladie peut changer de manière biologique, elle peut évoluer, acquérir des résistances. Il est donc important qu’elle soit documentée biologiquement à chaque étape de son évolution. Des prélèvements de la tumeur doivent être effectués dans des conditions qui permettent l’analyse optimale de la pièce prélevée. Les pneumologues tiennent une place importante dans ce contexte. « Les stratégies sont aujourd’hui basées sur un certain nombre d’études, conclut F. Barlesi, mais nous n’avons pas la certitude qu’elles soient strictement applicables. C’est tout l’intérêt du projet Biomarqueurs France, soutenu par l’INCa, dont l’objectif est de décrire les caractéristiques cliniques et moléculaires de ces tumeurs et de connaître l’impact de ces analyses sur la prise en charge des patients. Au lieu d’avoir des données qui portent sur des cohortes américaines de 1 000 malades, nous aurons des données sur près de 20 000 malades en 2012 et en France. Chaque pneumologue va enrichir cette cohorte nationale et contribuera à affiner les stratégies thérapeutiques ».
D’après un entretien avec le Pr Fabrice Barlesi, service d’oncologie multidisciplinaire et innovations thérapeutiques Aix-Marseille, université et assistance publique des hôpitaux de Marseille, Hl Nord, Marseille.
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