LE QUOTIDIEN - Qu’attendez-vous de cette opération de sensibilisation ?
Dr JEAN-CLAUDE LÉTARD - Nous comptons informer les gens sur leurs propres facteurs de risques. Le dépistage par Hémoccult de 50 à 74 ans permet de sensibiliser au cancer colo-rectal et de le dépister dans un cas sur deux, mais il s’adresse à une population standard. Si une personne est à risque élevé, la coloscopie s’impose d’emblée comme acte de prévention. L’exérèse d’une petite tumeur coûte alors quelques milliers d’euros. Le coût par année de vie gagnée est de 5 000 euros, alors qu’une chimiothérapie lourde pour cancer colo-rectal déclaré atteint 50 000 euros. Il y a urgence. On prévoit une augmentation du cancer colo-rectal de 20 à 25 % d’ici à 2025 (DREES, Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques).
Quels sont les freins à la coloscopie ?
Ils sont souvent culturels, car on parle de la zone anale, qui est souvent taboue. De plus, les gens méconnaissent l’acte de coloscopie. Ils le craignent, notamment à cause de la purge avant l’opération. Or, quand on l’explique bien, il n’y a pas de problème. Même chose pour l’anesthésie. Aujourd’hui, 95 % des coloscopies sont réalisées sous anesthésie générale, et nous utilisons du Propofol, un anesthésique de courte durée d’action.
Existe-t-il des alternatives à la coloscopie ?
En cas d’échec de la coloscopie, il existe le coloscanner, mais sa sensibilité ne dépasse pas 60 %. Il détecte moins bien les petits polypes que la coloscopie. Nous sommes également en cours d’évaluation de la vidéocapsule colique. Ingérée par le patient, elle renferme une caméra et une source lumineuse. On enregistre sa progression à l’aide de capteurs adhésifs placés sur l’abdomen. L’élimination de la capsule se fait dans les selles. Elle peut être une alternative en cas d’Hemoccult négatif chez un patient de plus de 50 ans ou en cas de risque anesthésique. Dans certains cas, elle serait utilisée entre 2 coloscopies de contrôle.
* Secrétaire général du CREGG (Poitiers).
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