Ce marqueur original pourrait ouvrir de nouvelles perspectives à la fois en clinique mais aussi à plus long terme en thérapeutique. Ceci alors que l'arrivée en thérapeutique de l'immunothérapie a d'ores et déjà ces dernières années permis de singulières avancées, en particulier dans les cancers peu sensibles à la chimiothérapie comme le mélanome et les cancers bronchopulmonaires. Sans compter que le champ de l'immunothérapie va croissant comme le montrent les résultats obtenus plus récemment dans de nombreuses autres tumeurs.
« Globalement l'importance de l'implication du système immunitaire (lymphocytes B mémoire, lymphocytes T CD4 naïfs…) sur le pronostic de nombreux cancers est aujourd'hui largement connue (2). Néanmoins, bien que les structures lymphatiques tertiaires (TLS) aient été mises en évidence il y a près de 10 ans, il a fallu plusieurs années avant de pouvoir envisager leur utilisation en pratique clinique », explique la Dr Dieu-Nosjean. Un gap dû autant à la nécessité de d'abord bien valider ce nouveau marqueur pronostique mais aussi à la difficulté de transposer les techniques (ici d'analyse des tumeurs) des laboratoires de recherche aux laboratoires hospitaliers. Pourtant dans un proche avenir ces TLS pourraient débarquer en clinique et venir ainsi compléter la panoplie pronostique dont disposent les cliniciens.
Un facteur dépendant des autres
La présence de ces TLS intratumoraux constitue en effet un facteur de bon pronostic dans plusieurs tumeurs solides et ceci indépendamment des autres facteurs pronostiques classiquement utilisés. C'est ce qu'a suggéré dès 2008 une première étude menée au sein d'une cohorte rassemblant plus de 700 cancers pulmonaires (3). Cet impact des LTS sur le pronostic a par la suite été confirmé non seulement dans les cancers pulmonaires mais aussi dans de nombreuses autres tumeurs solides notamment dans les tumeurs mammaires avec à la clé une publication très démonstrative en 2014 (4).
« Les TLS sont un biomarqueur - en l'occurrence un marqueur anatomopathologique - puissant. Cela a pu être confirmé dans les cinq tumeurs solides les plus fréquentes à l'exception du foie, explique la Dr Dieu-Nosjean. À l’issue de ces travaux, en 2016, ces TLS ont même fait l'objet d'un dépôt de brevet couvrant leur utilisation en clinique », (5) ajoute-t-elle. Les TLS devraient donc arriver en clinique dans un proche avenir…
Une vascularisation bénéfique
Mais comment expliquer leur implication pronostique ? « Les TLS qui contiennent des lymphocytes B, T et des cellules dendritiques sont vascularisés. Cette vascularisation propre - via de petits vaisseaux dédiés - permet sans doute le passage direct des cellules immunocompétentes vers la tumeur et leur action, bénéfique, antitumorale, selon la Dr Dieu-Nosjean. Notamment en termes de prévention des récidives tumorales via les cellules lymphoïdes mémoires, mais cela reste encore à démontrer ».
(1) Dieu-Nosjean Marie Caroline. Conférence "Mieux décrire et surveiller pour mieux traiter: les nouveaux marqueurs en cancérologie". Journées jeunes chercheurs en cancérologie. Fondation ARC, 16 novembre 2017, Paris
(2)Gentles AJ et al. The prognostic landscape of genes and infiltrating immune cells across human cancers. Nature Medicine 2015;21:938-45
(3) Dieu-Nosjean MC et al. Long-term survival for patients with non-small-cell lung cancer with intratumoral lymphoid structures. J Clin Oncol 2008;26:4410-7
(4) Goc et al. Dendritic Cells in Tumor-Associated Tertiary Lymphoid Structures Signal a Th1 Cytotoxic Immune Contexture and License the Positive Prognostic Value of Infiltrating CD8+ T Cells. Cancer research 2014
(5) Germain et al. Tertiary Lymphoid Structures in Cancers: Prognostic Value, Regulation, and Manipulation for Therapeutic Intervention. Am J Respir Critical Care Medicine 2016;7:407
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