ON SAIT que, dans le cancer du poumon, le taux de survie à cinq après le diagnostic est très faible (15 %). On sait aussi que les tumeurs du poumon sont très hétérogènes, y compris dans les sous-types biologiques, comme le rappelle un communiqué. « En conséquence, à l’intérieur d’un même stade tumoral, le pronostic varie fortement d’un patient à l’autre, en raison de facteurs génétiques et environnementaux propres à l’individu, mais également de facteurs intrinsèques à la tumeur, qui lui confèrent un caractère plus ou moins agressif. » Il apparaît donc essentiel de comprendre les facteurs responsables de la progression d’une tumeur et de découvrir de nouveaux marqueurs pronostiques de son évolution. Cela permettrait de déboucher sur des traitements mieux adaptés à chaque cas. C’est dire tout l’intérêt du travail publié dans « Clinical Cancer Research » par un groupe de chercheurs dirigés par Patricia Forgez (Centre de Recherche Saint-Antoine Inserm-UPMC), en collaboration avec le service de chirurgie thoracique de l’Hôtel-Dieu de Paris.
Adénocarcinome de stade 1.
Le Dr Patricia Forgez et son groupe avaient déjà montré que le récepteur principal d’une protéine d’origine gastro-intestinale, la neurotensine, retrouvé dans une forte proportion de tumeurs, favorisait dans certaines conditions la progression tumorale. Dans la nouvelle étude, conduite chez 136 patients présentant un adénocarcinome pulmonaire de stade 1, les chercheurs montrent que les patients dont les tumeurs expriment le récepteur principal de la neurotensine ont un moins bon pronostic de survie à cinq ans. « L’activation de ce récepteur favorise en effet fortement la croissance des tumeurs et l’émergence des métastases. A stade égal de développement tumoral, la présence ou non de ce récepteur constitue donc un biomarqueur pronostique d’une évolution plus ou moins favorable. »
« La procédure de détection de ce récepteur est simple et peu coûteuse », indique le communiqué. La même équipe est en train d’étudier un groupe plus important de patients pour confirmer ces résultats. Après quoi, la procédure pourra être utilisée en routine dans les laboratoires d’analyse biologique pour l’identification des patients à haut risque de récidive. Il s’agira alors de définir pour ces patients-là une prise en charge plus adaptée en termes de stratégie thérapeutique postopératoire et de surveillance.
Deux brevets.
Deux brevets ont été déposés conjointement par l’Inserm et l’AP-HP sur ce biomarqueur. « Ils permettront d’intéresser d’éventuels investisseurs des industries pharmaceutiques et des biotechnologies, tant sur le plan du développement d’un kit de détection que sur celui du développement des thérapies innovantes visant à diminuer l’agressivité tumorale. »
Pour Fabien Calvo, directeur de l’Institut cancer de l’Inserm, « comme pour d’autres cancers tels que le cancer du côlon, les leucémies et lymphomes, pour lesquels des parqueurs génétiques spécifiques débouchent sur des décisions thérapeutiques adaptées, les cancers du poumon commencent à être démembrés en plusieurs maladies de pronostics et de traitements différents ».
Marco Alifano et coll., Clinical Cancer Research, 1er septembre 2010.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024