Un vaccin curatif contre le cancer testé avec succès chez la souris

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Publié le 02/02/2018
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vaccin cancer

vaccin cancer
Crédit photo : PHANIE

Jusqu'ici, deux techniques sont employées pour mobiliser le système immunitaire afin de traiter le cancer : l'utilisation d'anticorps monoclonaux pour cibler directement les cellules tumorales d'une part, ou pour faire sauter certains verrous du système immunitaire d'autre part.

Les chercheurs de l'université de Stanford tentent eux une nouvelle approche : la vaccination in situ. Dans un article publié dans « Science Translational Medecine », les auteurs décrivent les résultats de l'injection d'agents immunostimulants directement dans la tumeur solide.

Activer les lymphocytes T 

Ces derniers recrutent et activent des lymphocytes T présents dans le micro-environnement de la tumeur, capables de reconnaître les antigènes tumoraux. L'objectif de la manœuvre est de contrer les mécanismes immunosuppresseurs mis en place par la tumeur, et de « réveiller » ces lymphocytes T spécialisés qui vont non seulement détruire la tumeur locale, mais aussi se répandre dans le reste du corps pour traquer cellules tumorales circulantes et autres métastases.

Plusieurs combinaisons ont été testées. Les auteurs ont fini par conclure que la meilleure combinaison est la coinjection d'un anticorps dirigé contre le récepteur OX40, et d'oligodeoxynucléotides CpG capable de se lier au récepteur Toll-like TLR9, un élément clé de la réponse immunitaire innée. OX40 est, quant à lui, une molécule costimulatrice présente sur les lymphocytes T régulateurs et les lymphocytes T effecteurs. Elle a une double action : activer les lymphocytes T effecteurs et inhiber les lymphocytes T régulateurs.

Une action sur les tumeurs distantes

À la suite de l'injection, les CpG provoquent la sécrétion de cytokines par les cellules myéloïdes, qui vont à leur tour induire l'expression d'OX40 à la surface des populations locales de lymphocytes T CD4+. L'anticorps anti OX40 a alors une action agoniste, capable de provoquer une réponse immunitaire de ces mêmes lymphocytes T, spécifiques à la tumeur.

Les souris employées lors de l'expérimentation étaient toutes porteuses de 2 tumeurs causées par la greffe de cellules tumorales extraites de lymphomes humains. Une injection de CpG seul dans une unique tumeur provoque sa régression complète, mais ne faisait que retarder la croissance de la seconde tumeur. L'injection de l'anticorps anti OX40 ne provoque qu'un retard dans la croissance des 2 tumeurs. En revanche, l’injection de CpG et d'anticorps anti OX40 provoquait une régression complète des 2 tumeurs. Cent jours après l'inoculation, les tumeurs n'étaient pas réapparues.

Une action préventive chez les souris prédisposées

D'autres tentatives ont été faites chez des souris génétiquement prédisposées à développer des tumeurs mammaires. Une injection dans une tumeur provoque une régression de la tumeur injectée et des tumeurs distantes préexistantes. Plus important : les souris injectées ne développaient plus de nouvelles tumeurs.

Les gros avantages de cette vaccination in situ est « qu'elle ne nécessite pas une connaissance des antigènes tumoraux » et « n'est pas spécifique à une localisation cancéreuse précise », précisent les chercheurs dans la discussion de leur article. Elle est toutefois dépendante de l'existence d'une tumeur solide à même de fournir un site d'injection. « Nos résultats ont des chances de se reproduire chez l'homme », espèrent les auteurs, qui mettent toutefois en garde contre le risque de complication auto-immune. L'oligonucléotide CpG employé par les chercheurs, appelé SD-101, est d'ores et déjà employé dans plusieurs essais cliniques en association avec d'autre technique d'immunothérapie.


Source : lequotidiendumedecin.fr