Un virus oncolytique associé à la chimiothérapie standard en néoadjuvant donne des résultats encourageants dans le cancer du sein triple négatif à un stade précoce, montre une équipe du Moffitt Cancer Center (Tampa, Floride). Les résultats de leur étude de phase 2, menée avec le soutien de l'Institut national contre le cancer américain, ont été publiés dans « Nature Medicine ».
Le virus oncolytique testé, le talimogene laherparepvec (T-VEC), est un herpès simplex de type 1 modifié portant des séquences codant pour la protéine GM-CSF, qui stimule le système immunitaire. Le T-VEC, qui est injecté directement dans la tumeur, se réplique dans les cellules cancéreuses, entraînant une lyse cellulaire et la production d'antigènes tumoraux. Les cellules immunitaires peuvent alors reconnaître les antigènes, infiltrer la tumeur et cibler les cellules cancéreuses à détruire. Le GM-CSF produit par le virus facilite le recrutement des cellules tumorales vers la tumeur.
Une approche autorisée dans le mélanome
Le T-VEC est déjà autorisé aux États-Unis pour le traitement du mélanome avancé. Environ 15 % des cancers du sein n'expriment pas de récepteurs hormonaux (progestérone, œstrogène) ni la protéine HER2. Alors que ces cancers du sein dits triple négatifs sont de plus mauvais pronostic, les chercheurs ont voulu tester l'intérêt d'associer un virus oncolytique à la prise en charge conventionnelle. Le fait que « les tumeurs triples négatives présentant des infiltrats lymphocytaires préexistants étendus répondent mieux à la chimiothérapie néoadjuvante » a conforté l'équipe dans cette voie, est-il expliqué.
Les virus oncolytiques et les vaccins thérapeutiques sont explorés dans le cancer par plusieurs équipes dans le monde. C'est le cas en France de la biotechTransgene, qui a communiqué récemment des résultats à deux ans pour des vaccins personnalisés dans le cancer ORL.
Une activation immunitaire tangible
Dans cet essai de phase 2, les patientes ont reçu cinq injections intratumorales de T-VEC avec du paclitaxel suivi de doxorubine et de cyclophosphamide avec de la chirurgie. L'objectif était d'évaluer la maladie résiduelle via le score de charge cancéreuse résiduelle (RCB pour Residual Cancer Burden), un score RCB de 0 (RCB0) étant le critère principal de jugement choisi.
Trente-sept patientes ont été incluses. Les toxicités les plus fréquemment rapportées étaient la fièvre, les frissons, les céphalées et les douleurs au point d’injection. Quatre événements thromboemboliques sont survenus. Le taux de RCB0 était de 45,9 % et celui de RCB0-1 de 65 %. Le taux d'absence de maladie à deux ans était de 89 % avec aucune récurrence dans le groupe RCB0-1.
« L'activation immunitaire durant le traitement était corrélée à la réponse », lit-on. La majorité des tumeurs traitées présentaient des taux plus élevés de cellules T et une activation des voies de signalisation immunitaire pendant les six premières semaines de traitement. Et les patientes qui répondaient le mieux avaient des taux plus élevés de CD8 à la sixième semaine que les autres. « Il y a la preuve d'une activation immunitaire robuste au sein de la tumeur », estime Hatem Soliman, directeur médical du bureau des essais cliniques au Moffitt et premier auteur, ajoutant qu'il est pertinent de poursuivre les investigations en ce sens.
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