Depuis le 1er septembre, le Pr Steven Le Gouill est à la tête de l'Ensemble hospitalier de l'Institut Curie, succédant ainsi au Pr Pierre Fumoleau. L'hématologue de formation, qui a passé la majeure partie de sa carrière au CHU de Nantes, est notamment en charge de l'élaboration de la stratégie du projet d'établissement, appelé MC21-2 (1), pour les années 2023-2027.
LE QUOTIDIEN : Quels sont les grands axes du projet d'établissement pour les années à venir ?
Pr STEVEN LE GOUILL : La réflexion est en cours pour bâtir un grand projet pour les cinq à dix ans à venir pour l'ensemble de l'Institut - Ensemble hospitalier, centre de recherche et siège. Le programme, appelé MC21-2, devrait être écrit d'ici à la fin 2022. Le premier volet du projet, MC21-1, arrive à son terme ; quasiment 75 % des objectifs ont été atteints.
MC21-2 s'inscrit dans la continuité, mais avec une philosophie différente. Nous aurons une approche plus intégrée, avec la volonté de diminuer le nombre de directions prises. Nous souhaitons également avoir une approche davantage tournée vers les patients et les soignants, pour que chacun puisse comprendre la stratégie définie.
Un volet social très fort va être mis en œuvre. Cela passera notamment par l'accompagnement des professionnels, en étant attractif par le biais des formations mais aussi en termes de logements ou de crèches par exemple pour que le personnel ait envie de venir travailler à Curie. Un autre axe majeur portera sur la transformation numérique. Nous devons par exemple anticiper la place de l'intelligence artificielle et la gestion des données des patients. Un volet environnemental est également prévu, avec une démarche qui dépasse un peu le monde hospitalier et qui doit être vertueuse.
Les thématiques sont par ailleurs guidées par la stratégie décennale de lutte contre les cancers et les politiques de santé européennes, mais nous devons aussi prendre en compte nos spécificités.
Comment s’articulent l'Ensemble hospitalier et le centre de recherche ?
Le centre de recherche et l'Ensemble hospitalier travaillent ensemble, et les bâtiments sont collés. Un bon exemple de la synergie entre médecins et chercheurs : sur quatre projets de recherche hospitalo-universitaire (RHU), trois ont été retenus en lettre d'intention. Cette proximité doit être poursuivie pour permettre des programmes encore plus innovants. L'ambition est de renforcer le translationnel tout en gardant la spécificité d'un hôpital qui est bien entendu de soigner.
Dans ce domaine, ma casquette de chercheur* est un atout, je connais ce monde-là. Et puis, j'ai aussi une expérience de quatre ans dans la direction de la recherche clinique et de l'innovation (DRCI) du CHU de Nantes : je sais mettre en musique les relations entre les différents partenaires pour que cela se traduise par quelque chose de réel.
De plus, le contact avec mon collègue Alain Puisieux, arrivé il y a deux ans à la direction du centre de recherche de Curie, est excellent, nous sommes sur la même longueur d'onde pour amener nos deux communautés dans la même direction.
Quels sont les grands projets à venir à Curie ?
Nous avons un projet immobilier majeur, qui s'inscrit dans notre volonté de transformation. C'est un outil qui doit nous amener à aller plus loin dans les soins et la recherche, mais aussi l'accueil des patients et la qualité de vie au travail.
Nous avons un projet immobilier à Saint-Cloud déjà bien avancé, qui doit se terminer dans l'année à venir. Un second projet, rue d'Ulm à Paris, à la fois hospitalier et recherche, pour lequel nous allons déposer un permis de construire. L'objectif est d'avoir un nouveau bâtiment en juin 2024.
Ce projet doit permettre davantage de relier les médecins et les chercheurs, mais aussi de proposer un parcours patient beaucoup plus fluide, avec un accueil repensé à l'ère de ce que sera la cancérologie demain : hôpitaux de jour, espaces de discussions… L'objectif est aussi de faire en sorte que le personnel soit dans un environnement agréable de travail. L'architecture pèse énormément sur le mental. C'est notamment pour cela que je souhaitais venir à Curie : les ambitions se traduisent par des projets concrets.
(1) Pour Marie Curie dans le XXIe siècle
(2) Depuis 1999, le Pr Gouill est membre de l’équipe de recherche « Regulation of Bcl-2 and p53 networks in multiple myeloma and Mantle-cell lymphoma », UMR 1232, Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers (CRCINA, Inserm/CNRS/Universités de Nantes et d’Angers)
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