C’est une cohorte française de grande ampleur qui devrait permettre de délivrer un très grand nombre d’informations sur la prise en charge des cancers de la vessie. Son nom ? La Cohorte prospective pour une étude intégrée des cancers de vessie (COBLAnCE). Conduite sous l’égide de l’Institut national de la santé et la recherche médicale (INSERM), elle va permettre de suivre 2 000 patients durant six ans.
« L’objectif est de recueillir un grand nombre de données cliniques, épidémiologiques, biologiques mais aussi médico-économiques afin de pouvoir identifier et évaluer des biomarqueurs de récidive et/ou de progression, et d’évaluer les nouveaux traitements. Nous allons aussi pouvoir en tirer des enseignements sur la qualité de vie des patients », souligne une des membres du comité exécutif et scientifique de la cohorte, Julia Bonastre, économiste et responsable de l’équipe « Études et recherche en économie de la santé » de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif.
C’est en 2012 qu’a été mise en place cette cohorte, sous la responsabilité de la Dr Simone Benhamou (épidémiologiste), du Pr Yves Allory (pathologiste), du Dr François Radvanyi (biologiste moléculaire), du Pr Thierry Lebret (urologue) et de Julia Bonastre (économiste). La cohorte est principalement financée par le programme Investissements d’avenir sous l’égide de l’Agence nationale de la recherche (ANR). Le projet est d’inclure 2 000 patients atteints d’un cancer de la vessie dans 18 établissements de santé publics et privés sur l’ensemble du territoire. « Le 30 mars 2015, 788 patients ont été inclus. La période d’inclusion devra être prolongée car les modalités administratives de conventionnement ont retardé l’ouverture des centres. Aujourd’hui, 10 centres sont actifs et participent au recrutement des patients. Le rythme d’inclusion est très satisfaisant », souligne Julia Bonastre.
Un cancer onéreux
Au-delà des aspects épidémiologiques, biologiques et thérapeutiques, l’originalité du projet est aussi de collecter des données d’ordre médico-économique, notamment pour décrire les modes de traitement et évaluer les coûts direct et indirect du cancer de la vessie. « Nous avons choisi d’explorer cette voie car il n’existe pas de données médico-économiques sur la prise en charge des cancers de la vessie dans un contexte français. Dans la littérature internationale, ce cancer a été identifié comme l’un des plus onéreux parmi les cancers qui ne sont pas de mauvais pronostic mais qui récidivent beaucoup, avec un fort impact sur la qualité de vie des patients », souligne Julia Bonastre. « Les enseignements tirés de cette cohorte pourront permettre d’adapter le suivi clinique des patients, tout en préservant leur qualité de vie. Cette question médico-économique va prendre de plus en plus d’importance à l’avenir avec l’apparition de thérapies ciblées dont il faudra établir le rapport coût efficacité », ajoute-t-elle.
Les patients de la cohorte sont aussi amenés à répondre à des questionnaires concernant leur qualité de vie. « Ces questionnaires sont administrés lors des visites à l’hôpital ou sont envoyés au domicile des patients tout au long de leur suivi », indique Julia Bonastre, en précisant que deux questionnaires sont utilisés, l’un générique et l’autre spécifique. « Pour la mesure générique, nous avons recours à un outil très simple : le questionnaire EQ-5D, qui contient cinq questions portant sur la fonctionnalité, l’anxiété-dépression, la douleur-gêne, ou la mobilité-activité dans la vie courante. Le questionnaire plus spécifique est le QLQ-C30 de l’EORTC. Il comporte 30 questions communes à tous les types de cancer et un module de questions spécifiques au cancer de la vessie portant sur les symptômes et les effets secondaires des traitements (BLS24 pour les patients traités par résection transurétrale et BLM30 pour les patients ayant eu une cystectomie). Cette cohorte, d’une taille très importante, va apporter des données nouvelles sur le retentissement de la maladie et des traitements sur la qualité de vie à long terme des patients », indique Julia Bonastre.
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