La radiothérapie interne sélective (SIRT) ou radioembolisation, réalisée à l’aide de microsphères en résine radioactives marquées par l’Yttrium-90, permet de délivrer de hautes doses de radiation directement dans la tumeur du foie in situ, via un cathéter inséré dans l’artère hépatique. Les microsphères SIR-Sphères, réparties dans et autour de la tumeur, irradient pendant environ deux semaines dans une zone très restreinte, permettant de cibler les cellules cancéreuses tout en minimisant les dommages sur les tissus hépatiques sains environnants. Aujourd'hui, elles sont indiquées uniquement chez les patients présentant des métastases hépatiques d'origine colorectale en échec ou intolérants à la chimiothérapie, et remboursées dans cette indication depuis le 14 avril dernier.
Une meilleure qualité de vie, mais une survie globale identique
Dans les cancers hépatocellulaires (CHC) avancés et inopérables, l’étude française de phase III SARAH a comparé la SIRT au traitement standard de référence, le sorafénib (800 mg/j), chez 459 patients en échec après 2 cycles de TACE (chimio-embolisation transartérielle). « Malgré 26,6 % des patients du bras SIRT non traités par microsphères SIR-Sphères per protocole (dû à la progression de la maladie, un shunt pulmonaire…), le critère principal de survie globale en intention de traiter (ITT) n’était pas significativement différent (8 versus 9,9 mois ; p = 0,179). Cependant, si nous regardons les patients ayant reçu les microsphères SIR-Sphères ou le sorafénib selon le protocole de l’étude SARAH, la médiane de survie globale était identique (9,9 versus 9,9 mois ; p = 0,92) », explique la Dr Valérie Vilgrain (hôpital Beaujeon, service de radiologie, Paris). Si l’écart en termes de survie sans progression s’avère non significatif (4,1 versus 3,7 mois en ITT), la réponse tumorale était plus élevée avec la SIRT (19 % versus 11,6 %, p = 0,042), reflétant ainsi l’action localisée de ce type de radioembolisation. De plus, le risque de progression tumorale au niveau hépatique, principale cause de décès lié à la maladie, était significativement réduit dans le groupe SIRT. Par ailleurs, l’avantage considérable de la SIRT est la réduction des effets secondaires (fatigue, perte de poids, diarrhées, douleurs abdominales, syndromes main-pieds, infections) liés au traitement (76,5 % versus 94 % sous sorafénib ; p < 0,001) et de leur sévérité (40,7 % versus 63 % d’effets de grade ≥3 ; p < 0,001). Ainsi, à 3 mois du traitement initial, la qualité de vie était significativement améliorée chez les patients traités par la SIRT par rapport aux sujets sous sorafénib (selon le questionnaire EORTC).
Monothérapie ou association : des résultats attendus prochainement
Parallèlement, l’étude de phase III SIRveNIB a également été mise en place pour comparer chez 360 patients asiatiques avec un CHC non résécables, l’efficacité et la sécurité des microsphères SIR-Sphères au sorafénib. Les résultats devraient être publiés cette année et présentés début juin au congrès de l’ASCO. Afin d’accroître la puissance statistique des données attendues, la méta-analyse VESPRO combinera les résultats des études SARAH et SIRveNIB. Ainsi, les données recueillies chez près de 800 patients seront analysées et publiées également en 2017. De plus, l’essai SORAMIC actuellement en cours, évalue chez 420 patients l’association des microsphères SIR-Sphères au sorafénib par rapport au sorafénib seul. Les résultats sont attendus en août et leur publication serait prévue en 2018. Toutes ces études ayant pour critère principal la survie globale, devraient permettre de confirmer l’intérêt thérapeutique de la SIRT chez les patients atteints d’un CHC non résécable, ainsi que de son association au sorafénib.
Si le traitement du cancer hépatique s’est longtemps apparenté à un désert thérapeutique, ces dernières années ont permis d’apporter de nouvelles opportunités de traitements. « Dans le carcinome hépatocellulaire, ces 5 à 10 dernières années, on a fait des progrès stupéfiants. L’arsenal thérapeutique est devenu un éventail », précise la Dr Valérie Vilgrain. Ainsi, les microsphères SIR-Sphères pourraient également représenter une alternative thérapeutique prometteuse dans la prise en charge des CHC inopérables et venir renforcer le panel de traitements existants.
(1) Globoscan 2012
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