L’ÉPIDÉMIOLOGIE des plaies est liée à de très nombreux facteurs, parmi lesquels on retrouve les maladies, la chirurgie, les accidents traumatiques, les catastrophes naturelles, les guerres et les rixes… Leur prise en charge est souvent différente, fonction des facteurs socio-économiques, de la formation du soignant, des facteurs culturels, de la volonté politique et du niveau de recherche. Le niveau de prise en charge est donc très différent selon les pays.
L’exemple de l’ulcère de Buruli, très fréquent en Afrique, est particulièrement frappant. En effet, cet ulcère fait partie des maladies médicales les plus négligées alors qu’il entraîne une destruction étendue de la peau et des tissus mous avec la formation d’ulcères de grande dimension. En l’absence de traitement précoce, il peut laisser des incapacités fonctionnelles durables. D’autres plaies apparaissent particulièrement révoltantes : plaies traumatiques liées aux munitions et mines non explosées, plaies liées à la malnutrition, plaies liées aux conflits.
Plus proche de nous, on retrouve les plaies du pied diabétique, les plaies liées au cancer (directement ou indirectement) et qui vont être de plus en plus nombreuses du fait de l’augmentation du nombre de cancer ; enfin, les escarres dont la prévalence, selon une enquête réalisée par l’AP-HP en 2008, est de 7,2 % en unité de soins (dont 3,5 % acquis en unité de soins). Pour agir efficacement contre ces plaies, il faut bien entendu connaître son adversaire. Malheureusement à ce jour, peu de données épidémiologiques nationales fiables existent dans ce domaine.
La plaie chronique en tête chez les infirmières.
Afin d’estimer l’impact que représente la plaie cutanée dans les activités médicales quotidiennes, la première enquête épidémiologique sur les plaies en milieu libéral et en milieu hospitalier vient d’être menée en France. Les premiers résultats de cette enquête, l’enquête VULNUS, ont été présentés lors de la conférence plaie et cicatrisation qui s’est tenue récemment à Paris. Deux cent vingt-cinq infirmières, 469 médecins généralistes et 385 médecins spécialistes tirés au sort sur l’ensemble du territoire, ont participé à cette première vague de sollicitation. On observe que 5,2 % des patients vus par un spécialiste et 5,5 % des patients vus par un généraliste sont porteurs d’une plaie. En ce qui concerne les infirmières, 20,8 % de leurs patients sont porteurs d’une plaie. Contrairement à ce qui était attendu (forte prévalence des plaies aiguës traumatiques), la plaie chronique représente la plus fréquente des lésions vues à un jour donné : elle représente 49 % des cas, contre 30 % pour les plaies chirurgicales et 28 % pour les plaies aiguës traumatiques. La première catégorie de ces plaies est l’ulcère des membres inférieurs (26 % de l’ensemble des lésions). Ces plaies ont nécessité des soins locaux plus ou moins complexes (nettoyage, détersion) dans plus de 67 % des cas. La prise en charge de cette plaie était considérée comme prioritaire dans 56 % des cas et l’impact de la plaie sur l’état de santé du patient était considéré comme sérieux, sévère ou critique dans 36 % des cas. Ces résultats préliminaires se doivent d’être confirmés par la seconde vague de sollicitation et les données issues de l’hôpital.
D’après la communication d’Isabelle Fromantin (Institut Curie, Paris), lors de la 13 e Conférence nationale des plaies et cicatrisation.
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