L'immunothérapie par blocage de PD-1 est utilisée pour « sauver » les lymphocytes T (LT) épuisés par le cancer. Mais après cette thérapie, ces lymphocytes auraient encore besoin d'un petit coup de pouce supplémentaire.
Cette aide pourrait être fournie par le récepteur membranaire CD28, qui suscite un intérêt grandissant. En effet, deux articles montrant l’importance de ce récepteur dans l’épuisement des LT sont sortis simultanément le 9 mars dans « Science ».
L'article de l’équipe d’Enfu Hui révèle que le récepteur PD-1 réduit l’activité des LT en empêchant l’action de CD28. Celui de l’équipe d’Alice Kamphorst suggère qu'il serait possible de potentialiser les immunothérapies bloquant PD-1, en les combinant à une activation de CD28.
Le récepteur CD28 est un récepteur co-stimulateur qui semble jouer un rôle dans l’épuisement des Lymphocytes T cytotoxiques (LTc), un problème rencontré dans le cancer ou les infections virales chroniques.
Les lymphocytes T cytotoxique sont des cellules de l’immunité adaptative qui jouent un rôle essentiel dans la lutte du corps contre le cancer, en détruisant les cellules tumorales. Sur le LTc sont présents des co-inhibiteurs et des co-stimulateurs. La liaison avec ces derniers, comme le CD28, va envoyer des signaux positifs, qui permettront une activation complète du LT.
La voie CD28 explorée
Quant aux co-inhibiteurs, leur liaison va envoyer des signaux d’inhibition, rendant à l’inverse l’activation du LTc plus compliquée. L’un de ces co-inhibiteurs est appelé PD-1 (Programmed cell-Death 1). Dans un cancer, les cellules tumorales expriment PD-L1, le ligand de ce PD-1, qui va se fixer sur le PD-1 des LTc et provoquer leur inhibition. Ces LTc deviennent « épuisés », ne prolifèrent plus et fonctionnent moins bien. L’immunothérapie de blocage de PD-1, appelée aussi « inhibition des points de contrôle des lymphocytes T » a fait ses preuves dans plusieurs types de cancer. Cependant, seule une sous-catégorie de patients y répond positivement.
Si le blocage des molécules inhibitrices permet d’améliorer la fonction de ces LT épuisés, on ne sait pas le rôle que peut jouer une stimulation positive. La publication de l’équipe d’Alice Kamphorst porte sur le rôle de cette voie CD28 dans le « sauvetage » des LTc, après une thérapie PD-1.
Meilleure survie, meilleure prolifération
L’étude montre que même après avoir bloqué PD-1, les LTc ont encore besoin d’un « coup de pouce » en activant CD28, pour proliférer et retrouver leurs fonctions immunitaires. Les scientifiques de l’Emory Vaccine Center ont conduit des expériences sur la souris montrant que bloquer CD28 empêchait la prolifération des LT, même après une immunothérapie ciblant PD-1.
Les chercheurs ont ensuite fait équipe avec les scientifiques du Winship Cancer Institute, dirigés par Suresh Ramalingam, pour analyser des échantillons de patients avec cancer du poumon traités par anti-PD-1. Ils ont observé que la plupart des LTc qui arrivent à proliférer après blocage de PD-1 expriment CD28. Les données suggèrent donc qu’après une thérapie PD-1, les cellules porteuses de CD28 survivent mieux et prolifèrent davantage.
L’équipe va maintenant essayer de savoir si les quantités de CD28 à la surface des LTc spécifiques de la tumeur peuvent prédire la force de la réponse des patients atteints de cancer du poumon à un traitement PD-1. « Notre étude prépare le terrain pour des approches de thérapies combinées qui pourraient améliorer l’efficacité de cette thérapie de blocage de PD-1, explique Ramalingam. Nous conduisons des études cliniques au Winship Cancer Institute pour confirmer nos découvertes sur des patients avec d’autres types de cancers. »
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024