DANS LE CADRE des travaux préparatoires à l’élaboration du plan national d’actions AVC 2010-2014, un état des lieux a été réalisé par un Comité de pilotage, dont le constat et les propositions ont fait l’objet d’un rapport remis au Ministère de la santé en juin 2009 (1). L’un des groupes de travail s’est penché sur le coût des accidents vasculaires cérébraux (AVC), qui constituent l’une des causes majeures de décès prématuré et de handicap à long terme. Leur impact économique annuel était jusqu’alors mal connu et le travail alors réalisé, qui a fait l’objet d’une publication récente (2), donne pour la première fois une estimation du fardeau économique des AVC à partir de données nationales recueillies sur une année. « Ce travail a pris en compte à la fois les nouveaux cas d’AVC sur une année et la prévalence de l’AVC qui, selon les données de l’Institut de veille sanitaire, est de 8/1 000 dans notre pays », rapporte le Dr Karine Chevreul.
Différents coûts ont été évalués : coût de la prise en charge sanitaire à partir des données médico-administratives (hôpitaux publics et privés), coût de la prise en charge médicosociale, indemnités journalières et également perte de productivité.
Plus de 140 000 admissions en court séjour en 2007.
Au cours de l’année 2007, les AVC ont motivé plus de 140 000 admissions à l’hôpital (soit une incidence de 2/1 000 de la population totale), majoritairement dans le secteur public. L’AVC a été ainsi à l’origine de 2 % des séjours en hospitalisation de courte durée. Il s’agissait dans 77 % des cas d’un AVC et dans 23 % des cas d’un accident ischémique transitoire. La mortalité totale a été de 12,3 % et la mortalité par AVC de 12,1 %. La durée moyenne de séjour a été de 11,8 jours (de 9,6 jours en cas de décès hospitalier). Après l’hospitalisation initiale, 27 % des patients ont été transférés soit dans un autre établissement de court séjour (9 %), pour une durée moyenne de 10 jours supplémentaires, soit dans un service de soins de suite et réadaptation (SSR, 18 %). Au total, dans l’année suivant l’AVC, plus de 25 000 patients ont été transférés dans un service SSR, pour une durée moyenne de 63 jours. Les patients admis en SSR sont des malades lourds, dont les scores de dépendance physique sont en moyenne de 50 % plus élevés que ceux de l’ensemble des patients en SSR. En début de séjour, plus de la moitié des patients (54,5 %) sont très dépendants physiquement, comparativement à 22,9 % des sujets de l’ensemble du secteur SSR. En fin de séjour, la proportion de patients très dépendants physiquement reste élevée, de 43,2 %. À l’issue de la prise en charge en SSR, seuls 73 % des sujets ont pu retourner à leur domicile.
En 2007, le nombre de patients vivant avec un AVC (à l’exclusion des cas survenus au cours de l’année) était de plus de 400 000, dont 225 000 étaient couverts par l’ALD (affection de longue durée).
Un coût médical de e 5,3 milliards d’euros.
Au total, les dépenses de santé liées à l’AVC ont été de 5,3 milliards d’euros, soit 3 % de la consommation de soins et biens médicaux. Le coût des cas incidents a été estimé à 2 milliards d’euros, avec un coût moyen par patient de près de 17 000 euros la première année. Le coût des cas prévalents a représenté 3,3 milliards d’euros, soit 62 % des dépenses, avec un coût moyen annuel par patient d’un peu plus de 8 000 euros. Le coût médico-social (prise en charge en établissements, services de soins infirmiers à domicile, auxiliaires de vie…) a été de 2,4 milliards d’euros.
Enfin, la perte de productivité a été évaluée à 255 millions d’euros (22,5 % des AVC sont survenus chez des sujets de moins de 65 ans).
« L’impact économique des AVC est donc considérable, ce qui souligne bien la nécessité d’améliorer leur prévention et leur prise en charge », conclut le Dr Chevreul.
D’après un entretien avec le Dr Karine Chevreul, URC Eco, unité de recherche clinique en économie de la santé Ile-de-France, AP-HP, Paris.
(1) La prévention et la prise en charge des accidents vasculaires cérébraux en France : rapport à Madame la ministre de la santé et des sports. Juin 2009.
(2) K Chevreul et al. Cost of stroke in France. European journal of neurology. doi :10.1111/ene.12143
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