Les troubles du sommeil sont associés à un risque cardiovasculaire augmenté mais il n'y a pas de fatalité. C'est ce que nous apprennent les nouveaux travaux publiés ce 20 octobre dans le European Heart Journal par l'équipe de Jean-Philippe Empana, directeur de recherche Inserm, au sein du centre de recherche cardiovasculaire à Paris (Inserm/Université Paris Cité) : corriger les mauvaises habitudes permet d'améliorer la santé cardiovasculaire.
Les auteurs tirent cet enseignement de deux enquêtes menées auprès de 16 890 personnes soumises à deux questionnaires espacés de quelques années et ont mis en relation les résultats avec le risque de survenue d'une pathologie cardiovasculaire.
Ce travail montre qu'il existe cinq composantes du sommeil qui pèsent chacune d'un poids quasiment équivalent dans l’association avec le risque d’accident coronarien et d’accident vasculaire cérébral. Ils montrent en outre que l’amélioration de l’une d’elles au cours du temps peut apporter un bénéfice significatif. Ces composantes sont la durée de sommeil chaque nuit, le chronotype (se coucher tard le soir ou se lever tôt le matin), la fréquence des insomnies, les somnolences diurnes excessives et les apnées du sommeil.
Deux enquêtes à Paris et Lausanne
Les chercheurs ont questionné les participants de l'étude sur ces cinq composantes, afin d'attribuer à chacun d'entre eux un score unique de qualité du sommeil. Le meilleur score (5 points sur 5) était attribué aux personnes qui dormaient entre 7 et 8 heures de sommeil par nuit, qui se lèvent tôt, qui n'ont ni insomnies, ni apnées ni de somnolence excessive en journée.
Ils ont procédé à deux enquêtes : la première menée à Paris a inclus 10 157 adultes de 50 à 75 ans (Étude prospective parisienne n° 3, EPP3) ; la seconde menée à Lausanne (Suisse) a réuni 6 733 participants de plus de 35 ans (étude CoLaus/PsyCoLaus du centre hospitalier universitaire vaudois).
Dans les deux cas, les personnes ont été interrogées à deux reprises : à l’inclusion puis deux à cinq ans après. Le suivi pendant 8 à 10 ans a permis de repérer la survenue d'évènements cardiovasculaires. Il ressort de l'analyse combinée des deux études que plus le score à l’entrée dans l’étude est élevé, plus le risque d’accident cardiovasculaire est faible.
Ainsi, les participants ayant un score de 2 (qui représentent 21 % de l'échantillon) ont un risque cardiovasculaire réduit de 10 % par rapport à ceux qui ont un score compris entre 0 et 1. Ceux qui ont un score de 3 (les plus nombreux : 31 %) ont un risque réduit de 19 %, ceux qui ont un score de 4 ont un risque réduit de 38 % et ceux qui ont un score de 5 ont un risque réduit de 63 %.
La seconde analyse, la plus intéressante, montre pour la première fois qu'une amélioration du score de sommeil entre les deux questionnaires - ce qui est arrivé chez 8 % des participants - diminue de 16 % le risque de pathologie cardiovasculaire pour chaque point gagné.
La mauvaise nouvelle est que le sommeil s'améliore plus rarement qu'il ne se détériore, puisque dans le même temps, 11 % des participants ont vu leur qualité de sommeil se dégrader.
Les auteurs espèrent maintenant que les professionnels de santé et la population générale se saisiront de cet outil : « la facilité et la rapidité d’utilisation des questionnaires ainsi que la simplicité du calcul du score de sommeil devraient favoriser leur compréhension et une bonne adhésion », prévoient-ils.
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