Certaines pathologies cardiovasculaires, comme l’insuffisance cardiaque, pourraient compter parmi les facteurs de risque de certains cancers… Mais une métaanalyse suggère que la réciproque est vraie : les personnes ayant des antécédents de cancers pourraient présenter un risque accru de pathologie cardiovasculaire (1).
Antécédents de cancer et risque cardiovasculaire
160 études de cohorte, rétrospectives ou prospectives, ayant inclus au total près de 49,4 millions d’individus (dont 9,1 millions avec des antécédents de cancer, et plus de 40,3 millions de témoins) ont été analysées dans ce travail, qui relève un risque cardiovasculaire globalement augmenté de 47 % chez les survivants de cancers, par rapport aux témoins.
Si un surrisque se dégageait pour 17 sous-types de maladies cardiovasculaires examinés, les patients ayant des antécédents de cancer apparaissaient particulièrement à risque de maladie thromboembolique (HR = 3,07).
Certains types de cancer semblaient aussi particulièrement délétères pour la santé cardiovasculaire : cerveau, hématologiques, respiratoires, des organes génitaux masculins et du sein. Les patients jeunes, de sexe masculin, apparaissaient aussi très vulnérables.
Niveau de hsCRP et risque d’infarctus du myocarde à long terme
Par ailleurs, en ce qui concerne les patients hypertendus déjà sous traitement préventif, et apparemment stables, une étude parue dans la revue eBioMedicine suggère un intérêt du dosage de la C-reactive protéine de haute sensibilité (hsCRP) pour améliorer la prise en charge (2).
D’après cette analyse post-hoc de l’essai anglo-scandinave Ascot, conduite auprès de 5 294 Anglais sous antihypertenseurs ou médicaments hypolipidémiants suivis pendant 20 ans, et ayant bénéficié d’un dosage de l’hsCRP lors de leur recrutement, de hauts taux d’hsCRP peuvent prédire de façon indépendante le risque d’évènements cardiovasculaires et la mortalité toutes cause à long terme chez des patients stables ayant une hypertension.
Par rapport aux patients ayant les taux d’hsCRP les moins élevés, ceux qui manifestent les plus fortes concentrations d’hsCRP présenteraient un surrisque d’infarctus du myocarde de 32 % à 20 ans, et un risque de décès toutes causes accru de 25 % à 20 ans. À noter que ce biomarqueur ne semblait toutefois pas fiable pour prédire le risque d’AVC.
Microbiote intestinal et prévention secondaire du risque cardiovasculaire
Enfin, le microbiote digestif fait l’objet d’un nombre croissant de recherches depuis quelques années. Certains profils de composition microbienne de la flore intestinale pourraient permettre d’affiner l’estimation du risque d’évènements cardiovasculaires majeurs (Mace) en prévention secondaire.
Telle est la conclusion de l’essai clinique Cordioprev (3), publié dans l’European Heart Journal. C ce travail, qui a déterminé la composition microbienne d’échantillons de selles 679 patients déjà pris en charge pour une maladie cardiovasculaire, suggère que la présence d’une dizaine de types de bactéries et d’une augmentation du taux de LPS post-prandial serait associée à un doublement du risque de Mace en prévention secondaire.
Mieux prédire le risque de complications cardiovasculaires après une infection respiratoire aiguë
Les infections respiratoires aiguës sont connues pour augmenter à court terme le risque d’infarctus du myocarde et d’AVC. Aucun outil ne permet à l’heure actuelle de prédire ce risque en routine. Une lacune que des chercheurs britanniques et chypriotes ont voulu combler en développant un score d’estimation du risque d’évènements cardiovasculaires susceptibles de survenir dans les 28 jours suivant le début d’une infection respiratoire aiguë (4).
Pour ce faire, les auteurs se sont penchés sur les dossiers de santé électroniques de plus de 6 millions d’Anglais de plus de 40 ans sans antécédents cardiovasculaires particuliers et ayant eu un diagnostic d’infection respiratoire entre 1999 et 2019, dont 18 000 se sont avérés avoir développé des complications cardiovasculaires dans les 28 jours.
In fine, le score, baptisé Dashi, permet de calculer ce risque en fonction de l’âge du patient, de la présence sous-jacente d’un diabète, d’un tabagisme ou de symptômes d’insuffisance cardiaque, et du type d’infection respiratoire – celles atteignant les voies respiratoires basses apparaissant les plus impactantes.
(1) Qian Lia, Guofu Zhang, Xiating Li, et al. Risk of cardiovascular disease among cancer survivors: systematic review and meta-analysis. eClinicalMedicine. Volume 84. 103274. June 2025
(2) Adam Hartleya, Somayeh Rostamiana, Amit Kaura, et al. The relationship of baseline high-sensitivity C-reactive protein with incident cardiovascular events and all-cause mortality over 20 years. eBioMedicine. Volume 117. 105786. July 2025
(3) Javier Arenas-Montes, Juan F Alcala-Diaz, Helena Garcia-Fernandez, et al. A microbiota pattern associated with cardiovascular events in secondary prevention: the CORDIOPREV study. European Heart Journal, Volume 46, Issue 22, 7 June 2025, Pages 2104–2115
(4) Joseph J. Lee, Constantinos Koshiarisa, Cynthia Wright-Drakesmith et al. Development and external validation of a risk prediction score (DASHI) for cardiovascular events following acute respiratory infections: derivation and validation retrospective cohort study. eClinicalMedicine. Volume 84. 103273. June 2025
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024