Chez les femmes et les personnes obèses, la qualité de l'imagerie utilisée pour détecter une insuffisance coronarienne est parfois altérée par la présence de tissus graisseux. Dans ces deux populations, une équipe française (AP-HP/INSERM) a montré l'intérêt de la tomographie par émission de positons avec le 82-rubidium (TEP-Rb) pour obtenir des images de bonne qualité. Les résultats de cet essai RUBIS sont parus dans le « Journal of Nuclear Cardiology ».
Une meilleure sensibilité avec la TEP-Rb
Deux techniques de scintigraphie ont été comparées dans cette étude : la scintigraphie cardiaque conventionnelle avec caméra CZT (SPECT-CZT) et la TEP-Rb. « Avec les techniques de scintigraphie, nous observons surtout la diminution de la perfusion cardiaque à l'effort, dont la conséquence est le manque d'oxygénation du cœur, l'ischémie, conséquence de l'insuffisance coronarienne », explique au « Quotidien » le Dr Fabien Hyafil (hôpital Bichat, Paris), premier auteur de l'étude.
« La technique de SPECT-CZT est actuellement utilisée dans les services de médecine nucléaire, mais la TEP-Rb n'est pas encore autorisée en Europe, d'où l'intérêt de cette évaluation clinique, poursuit-il. Nous espérons pouvoir disposer prochainement de ce traceur comme aux États-Unis. »
Au total, 313 patients – des femmes et des personnes ayant un indice de masse corporelle supérieur à 25 – adressés pour une scintigraphie conventionnelle ont été inclus dans cette étude. Les deux types d'examens ont été réalisés chez tous les patients afin de les comparer.
Si les deux techniques ont permis d'obtenir des bons résultats, la TEP-Rb a montré un bénéfice supérieur, avec une meilleure sensibilité (85 versus 57 %) pour la détection d’une ischémie cardiaque.
En comparaison à la SPECT-CZT, la TEP-Rb a permis d'améliorer la détection de l'ischémie cardiaque chez ces patients, grâce à une meilleure qualité des images. « Chez des patients avec beaucoup de tissus adipeux, il y a souvent une atténuation importante du signal venant du cœur. La TEP permet une meilleure correction de l'atténuation du signal par les tissus et donc d'avoir des images beaucoup plus homogènes et faciles à interpréter », précise le Dr Hyafil.
Une technique plus précise et moins irradiante
Par ailleurs, la TEP-Rb permet de quantifier précisément le débit sanguin perfusant le cœur, contrairement à la SPECT-CZT qui ne permet que de comparer l’intensité du signal entre chaque territoire cardiaque. « Par exemple, avec le rubidium, s'il y a des sténoses de l'ensemble des artères coronaires, nous allons pouvoir mettre en évidence une diminution globale de la perfusion cardiaque qui est plus difficile à détecter en SPECT, détaille le Dr Hyafil. La TEP-Rb permet donc de mieux identifier les patients avec une maladie coronaire sévère ou diffuse présentant une ischémie étendue. »
De plus, la TEP-Rb est moins irradiante que la SPECT-CZT. « Les niveaux de rayonnements sont très faibles, ce qui est intéressant pour les patients obèses pour lesquels nous sommes souvent obligés d'augmenter les doses de traceurs injectés pour maintenir la qualité des images », note le médecin.
Le rubidium présente un autre intérêt, ajoute-t-il : « Il est disponible à partir d’un générateur qui permet de délivrer des doses à la demande et qui ne nécessite pas d’accélérateur de particules (cyclotron) comme les autres radiotraceurs. »
Des discussions avec les industriels sont en cours pour une mise à disposition du rubidium en Europe. « Si la TEP-Rb est autorisée, cela permettra d'avoir un examen supplémentaire à disposition pour la détection de l’insuffisance coronaire qui pourrait être utilisé comme un examen de première ou en deuxième intention selon les cas », indique le Dr Hyafil.
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