Dans quelle mesure le CBD peut-il se montrer bénéfique pour les patients atteints de pathologie cardiovasculaire ? À qui le prescrire ? Sous quelle forme ? Comment fixer la posologie ? Pour l'heure, les experts rassemblés par le Collège américain de cardiologie et CardioAcademic, une société savante mexicaine, sont bien en peine de répondre à ces questions.
À l'occasion d'un congrès qui se tiendra dans la ville de Mexico, les 9 et 10 septembre prochains, ce groupe de travail a remis les conclusions d'une revue de la littérature sur le sujet et conclut « qu'aucune recommandation clinique ne peut être faite à ce stade ».
En théorie, les effets anti-inflammatoires du CBD pourraient avoir un intérêt pour les patients atteints de pathologie cardiaque, et en particulier les pathologies ischémiques. Dans la pratique, « des études randomisées de haute qualité seront nécessaires pour savoir si les données précliniques actuellement disponibles peuvent se traduire par des données de vie réelle », jugent les auteurs.
Risques d'interaction
« Le recours au cannabidiol et au cannabis médical a considérablement augmenté au cours de la décennie écoulée, poursuivent-ils. Mais il existe peu d'indications dans lesquelles cette utilisation se base sur de bonnes études cliniques » et aucune en cardiologie. Une interrogation majeure des chercheurs réside dans le risque d'interaction avec des molécules comme les anticoagulants et les antiagrégants plaquettaires.
Le CBD possède des propriétés analgésiques, chimiopréventives et anti-inflammatoires. Cette dernière caractéristique en fait un candidat intéressant pour limiter les conséquences de l'infarctus du myocarde. Les chercheurs ont donc poussé leurs recherches et ont identifié neuf études précliniques. Ces dernières ont montré des résultats in vivo prometteurs et ont mis au jour des mécanismes reliant CBD, diminution du stress oxydatif et prévention des lésions ischémiques. « Ces données, provenant de modèles animaux, sont aussi prometteuses en ce qui concerne les lésions liées à l'ischémie reperfusion, les arythmies et les syndromes métaboliques », précisent les experts.
« Le CBD n'est pas un médicament miracle, concluent les chercheurs. S'il est pris en association avec d'autres traitements, l'avis d'un spécialiste formé au cannabis médical est important. Il faut également toujours questionner le risque d'interaction médicamenteuse et ne surtout pas interrompre un traitement en cours pour pouvoir prendre du CBD. »
Les auteurs mettent en outre en garde : selon une étude récente, du THC, potentiellement nocif pour les patients atteints de pathologies cardiovasculaires, a été retrouvé dans plusieurs produits censés ne contenir que du CBD.
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