La vaccination contre le zona pourrait-elle avoir des bénéfices pour la santé publique plus étendus que ceux attendus ? C’est ce que suggère une étude sud-coréenne avec un vaccin vivant en montrant une baisse du risque cardiovasculaire chez plus de 1,2 million de personnes de plus de 50 ans issues d’une cohorte nationale.
Chez des personnes âgées en moyenne de 61,3 ans, en majorité des femmes (56,8 %) et suivies en moyenne pendant 6 ans, la vaccination zona (vaccin vivant) était associée à un risque cardiovasculaire global diminué de 23 %, en particulier pour les événements majeurs (-26 %), l’insuffisance cardiaque (-26 %), les accidents cérébrovasculaires (-24 %), les cardiopathies ischémiques (-22 %), les événements thrombotiques (-22 %) et les arythmies (-21 %).
L’association protectrice était observée jusqu’à 8 ans, maximale dans les 2-3 ans après la vaccination. La baisse du risque cardiovasculaire était plus prononcée chez les hommes, les personnes de moins de 60 ans, celles avec de faibles revenus, vivant en zone rurale ou avec une mauvaise hygiène de vie. Les résultats sont publiés dans le European Heart Journal, une revue de la Société européenne de cardiologie (ESC).
Alors que le zona a été associé à une augmentation du risque cardiovasculaire, l’équipe sud-coréenne a voulu savoir si la vaccination pouvait à l’inverse avoir un effet protecteur. « Pour la première fois, (notre étude) nous a permis d’examiner l’association entre la vaccination zona et 18 différents types de maladie cardiovasculaire », explique le Pr Dong Keon Yon de l’hôpital universitaire Kyung Hee à Séoul.
À partir d’une cohorte observationnelle totalisant plus de 2,2 millions de personnes sur près de 10 ans, les auteurs ont cherché à mettre en évidence une relation causale en faisant appel à une méthodologie particulière dite des « pondérations par chevauchements », qui a comparé le devenir de 635 961 personnes une fois vaccinées à 635 961 qui ne l’ont pas été. Les auteurs ont combiné les données de l’assurance-maladie (maladies, registre des décès, dossiers médicaux, hospitalisation, consommation médicamenteuse) et de l’agence de prévention (vaccination). Néanmoins, les chercheurs reconnaissent que la causalité établie n’est pas directe et que certains biais liés ne peuvent être exclus.
Tester le vaccin recombinant
Comment le vaccin peut-il exercer un effet cardiovasculaire protecteur ? Le zona étant associé à un risque vasculaire augmenté, plusieurs facteurs entrent en jeu, selon les auteurs. Le virus varicelle-zona (VZV) peut entraîner une vasculopathie extra et intracrânienne (pouvant être à l’origine d’hémorragies et d’ischémies cérébro et cardiovasculaires), un état inflammatoire avec hypercoagulation (rupture de plaques d’athérome, thromboses). Sans compter que les zonas sévères semblent associés à un surrisque d’insuffisance cardiaque. De plus, le virus pourrait aussi concerner le nerf vague, dont l’atteinte peut être à l’origine d’une dysfonction du système nerveux autonome et d’arythmies.
Les auteurs expliquent les bénéfices plus grands chez les sujets plus jeunes en raison d’une meilleure réponse immunitaire et chez les hommes par une meilleure efficacité du vaccin zona (les femmes étant de moins bonnes répondeuses avec davantage de zonas post-vaccinaux). Il est intéressant de noter que l’effet protecteur cardiovasculaire s’observe dans différentes populations, y compris vulnérables, ce qui plaide en faveur d’une stratégie de vaccination large.
Mais le vaccin vivant ne convient pas à tout le monde, en particulier aux personnes immunodéprimées, et n’est d’ailleurs plus commercialisé en France (par décision du laboratoire MSD qui détient Zostavax, les autorités sanitaires recommandant préférentiellement le vaccin recombinant Shingrix). L’équipe coréenne prévoit de mener des recherches avec le vaccin recombinant pour vérifier s’il a les mêmes bénéfices cardiovasculaires. La même question se pose contre la démence, alors que le vaccin vivant zona semble en diminuer le risque. Sans vaccination, environ 30 % de la population développeront un zona au cours de leur vie.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024