PLUSIEURS ÉTUDES antérieures avaient montré que les accidents vasculaires cérébraux (AVC) survenant le week-end étaient associés à un risque plus élevé de décès précoce. Parmi les éléments pouvant expliquer cet « effet week-end » : formes plus sévères, moindre accessibilité aux services spécialisés et prise en charge de moins bonne qualité du fait des effectifs réduits des équipes. L’amélioration des conditions de prise en charge des patients les week-ends et les jours fériés serait donc à même d’effacer cet « effet week-end ». « C’est ce qui a été démontré dans une étude menée à partir des données du registre dijonnais des AVC, qui confirme plus largement les bénéfices de l’organisation en filière spécifique de la prise en charge des AVC », note le Dr Yannick Béjot. Tous les cas d’AVC ou d’accident ischémique transitoire (AIT) survenus entre 1985 et 2010 dans la ville de Dijon, qui compte 151 000 habitants, ont été identifiés. Sur les 5 864 événements répertoriés, 1 465 (soit 25 %) ont eu lieu un jour férié ou lors d’un week-end. Les cas étaient tout à fait comparables que l’accident survienne un jour de semaine ou non, en termes de type et de gravité et de caractéristiques des patients.
Que montre ce travail ? Tout d’abord la réalité de l’effet week-end avant la mise en place d’une filière de prise en charge spécifique (filière organisée autour d’une unité de soins intensifs neurovasculaires), à partir de fin 2003. De 1985 à 2003, la mortalité à 30 jours –paramètre qui reflète le mieux la qualité de la prise en charge initiale-des patients victimes d’un AVC ou d’un AIT était de 14 % si l’événement survenait un jour de semaine et de 18,1 % s’il survenait un jour férié ou pendant un week-end, différence statistiquement significative (p‹0,01). Les patients étaient en effet admis dans l’un des hôpitaux de la ville, pas toujours dans un service de neurologie selon les disponibilités en lits. Le plus souvent, ils n’étaient pris en charge par un spécialiste qu’après le week-end ou le jour férié et donc de façon différée.
Filière de soins dédiée
« À partir de septembre 2003, une unité de soins intensifs neurovasculaires a été créée au CHU de Dijon, autour de laquelle s’est mise en place une véritable filière de soins dédiée impliquant le Centre 15, l’acheminement des patients (SAMU, pompiers, ambulances privées), les urgentistes, les neuroradiologues et bien sûr les neurologues, disponibles en permanence. Depuis la quasi-totalité des patients ont été pris en charge par cette filière de soins », expose le Dr Béjot. Au cours de la période 2004-2010, les taux de décès à 30 jours sont bien moindres et tout à fait comparables que l’accident survienne en semaine ou un jour férié ou de week-end : 8,3 % versus 8,4 %, différence non significative (p = 0,74). « Ainsi, l’organisation des soins dans sa globalité (ce n’est pas un effet fibrinolyse) permet d’effacer totalement l’ « effet week-end » (odd ratio à 0,99), constat fait à partir d’un registre et donc dans la vraie vie et non pas dans une population sélectionnée comme cela est le cas dans les études. L’argent dépensé rend vraiment service aux patients, insiste le Dr Béjot. Le développement de la télémédecine, domaine dans lequel la Bourgogne est une région pilote, laisse espérer une reproduction de cet effet positif au niveau régional ».
Pour aller plus loin dans l’analyse, il serait intéressant de préciser dans le futur les délais à l’admission, à l’orientation et à la réalisation de l’imagerie et de la fibrinolyse éventuelle chez les patients inclus dans le registre.
« Une cohorte AVC (350 entrées dans le registre chaque année) a d’ores et déjà été mise en place afin d’évaluer, à 3 mois et à un an, la mortalité et le handicap fonctionnel (fatigue, dépression, qualité de vie…), jusqu’alors peu analysé en population. Dans 3 ans, la cohorte de plus de 1 000 patients permettra certainement d’apporter des enseignements intéressants », conclut le Dr Béjot.
D’après un entretien avec le Dr Yannick Béjot, département de neurologie, CHU Dijon.
Béjot Y et al. Stroke care organization overcomes the deleterious « week-end effect on 1-month stroke mortality : a population-based study. European journal of neurology doi:10.1111/ene.12154.
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