Le diabète de type 2 (DT2) constitue un facteur de risque important d’athérosclérose. Ainsi, par rapport aux personnes vivant sans diabète, les diabétiques sont deux fois plus à risque de connaître des évènements cardiovasculaires tels qu’un infarctus ou un AVC.
Cependant, chez les patients qui présentent un DT2, l’estimation du risque cardiovasculaire – et ainsi le repérage des individus les plus à risque – demeure difficile. « Bien que des algorithmes aient été développés pour prendre en compte de multiples variables cliniques (âge, tabagisme, LDLc, etc. N.D.L.R.), dont certaines spécifiques au DT2 (durée du diabète, hémoglobine glyquée), les scores de risque cardiovasculaire qui en découlent sont peu performants », soulignent les auteurs d’une étude parue cet hiver dans Circulation Research (1). Cette équipe de l’Inserm, de l’Université de Paris-Cité et du CNRS a cherché à identifier de nouveaux facteurs prédictifs pour cette population spécifique, à intégrer aux scores de risque.
Les monocytes pourraient représenter un des facteurs prédictifs potentiels, car ils sont impliqués à la fois dans l’initiation et le développement du DT2 et de l’athérosclérose. Pour le préciser, les auteurs du présent travail ont examiné les liens entre taux de monocytes circulants et risque cardiovasculaire chez les personnes atteintes de DT2.
Association avec le score calcique coronaire
Trois cohortes de patients ont été utilisées. D’abord, 672 individus diabétiques de la cohorte AngioSafe-2 ont été recrutés afin de s’assurer d’une association entre taux de monocytes circulants et score calcique coronaire (CAC). Le taux de monocytes circulants s’est révélé être corrélé à l’importance des plaques d’athérome, et donc au risque d’accident cardiovasculaire lié à l’athérosclérose, indépendamment de l’âge et de la durée du diabète.
Les patients ont été stratifiés en plusieurs niveaux de risque en fonction de leur score calcique, ce qui a confirmé l’augmentation graduelle de la quantité de monocytes et de leucocytes entre le premier groupe (bas risque) et le dernier groupe (haut risque). Et les monocytes circulants de 266 participants ont fait l’objet d’une analyse moléculaire, qui a permis d’identifier trois sous-types de monocytes (CD45+, CD14++ et CD16−) augmentés chez les participants qui présentaient un score calcique élevé.
Le recours à une cohorte de validation (Glutadiab) de 279 diabétiques a permis de confirmer ces résultats.
Association avec évènements cardiaques indésirables majeurs
Enfin, 757 patients diabétiques suivis en prévention cardiovasculaire dans la cohorte Surdiagene ont été inclus et vu leur taux de monocytes circulants totaux mesuré. En corrélant ces taux avec les cas de survenue d’évènements cardiovasculaires indésirables majeurs et de décès de cause cardiovasculaire, les auteurs ont pu mettre en évidence que les patients DT2 qui ont un nombre de monocytes supérieur à un certain seuil (0,5 × 109/L) auraient un risque cinq à sept fois plus élevé d’événement cardiovasculaire dans les dix ans par rapport à celles ayant un nombre de monocytes inférieur à ce seuil.
Vers une intégration dans les scores de risque ?
Au total, les auteurs concluent que les monocytes semblent de « bons candidats pour la prédiction des complications cardiovasculaires chez les personnes vivant avec un DT2 » et que le phénotypage des monocytes circulants apparaît « pertinent ».
À noter que l’Inserm travaille actuellement au développement d’un dispositif qui permettrait de doser et classer rapidement les sous-types de monocytes à partir d’une goutte de sang. Reste à savoir comment ce potentiel nouveau prédicteur du risque cardiovasculaire pourrait être intégré aux scores disponibles.
(1) Jean-Baptiste Julla et al. Blood monocyte phenotype is a marker of cardiovascular risk in type 2 diabetes. Circulation Research. 2024;134:189-202
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