Une étude anglaise, récemment parue dans « European Heart Journal », a évalué la relation entre le sommeil et les maladies cardiovasculaires, en fonction du risque génétique (1). Ainsi, les échantillons sanguins de 385 292 participants britanniques sains ont été analysés, à la recherche de variations génétiques, appelées polymorphismes nucléotidiques ou SNPs (single nucleotide polymorphisms). En effet, celles-ci sont connues pour être liées au développement de maladies coronariennes ou d’accident vasculaire cérébral (AVC). Ainsi, un score de risque génétique a été déterminé : faible, intermédiaire et élevé. De même, un score relatif à la qualité du sommeil, allant de 0 à 5, a été établi en interrogeant les participants sur leur façon de dormir (durée du sommeil, personne « du soir » ou « du matin », insomnie, ronflement, etc.). Un score de 5 correspondait au meilleur profil de dormeur : personne « du matin » dormant 7 à 8 heures par nuit, sans insomnie, ni ronflement, ni endormissement diurne.
Après un suivi de 8,5 ans, 7 280 cas de maladies cardiovasculaires ont été rapportés, dont 4 667 maladies coronariennes et 2 650 AVC.
Un risque cardiovasculaire réduit de 35 % chez les bons dormeurs
Les résultats ont mis en évidence que les participants avec un score de sommeil de 5 avaient un risque cardiovasculaire réduit de 35 %, par rapport à ceux avec un score de 0 ou 1. Concernant les maladies coronariennes et l’AVC, la diminution du risque atteignait 34 % dans les deux cas. « Parmi les participants avec un score de sommeil de 5, une réduction de près de 7 cas de maladie cardiovasculaire pour 1 000 personnes par an était observée, par rapport aux sujets avec un score inférieur à 5 », a ajouté le Pr Lu Qi (New Orleans, États-Unis), un des principaux auteurs de l’étude. Au total, près de 10 % des évènements cardiovasculaires de cette cohorte pourraient être dus à un mauvais sommeil.
Le sommeil peut-il compenser le risque génétique ?
L’étude a également montré qu’un fort risque génétique associé à un mauvais profil de dormeur augmentait de 2,5 fois le risque de maladie coronarienne et de 1,5 fois le risque d’AVC, par rapport aux personnes avec un faible risque génétique et un bon profil de dormeur.
« Nous avons trouvé qu’un risque génétique élevé pouvait être en partie compensé par un bon profil de dormeur, précise le Pr Qi. De plus, nous avons constaté que les personnes avec un faible risque génétique peuvent perdre cette protection inhérente si elles ont un mauvais profil de dormeur ». En effet, une personne avec un risque génétique élevé mais un bon profil de dormeur avait 2,1 fois plus de risque de développer une maladie coronarienne et 1,3 fois plus de risque d’AVC, comparé à un sujet avec un faible risque génétique et un bon profil de dormeur. Inversement, une personne avec un faible risque génétique mais un mauvais profil de dormeur augmentait de 1,7 fois son risque de maladie coronarienne et de 1,6 fois son risque d’AVC.
« Ces résultats suggèrent qu’il est essentiel de prendre en compte l’ensemble des comportements liés au sommeil quand on considère le risque de maladie coronarienne et d’AVC d’une personne », conclut le Pr Qi.
(1) Mengyu Fan et al. Sleep patterns, genetic susceptibility, and incident cardiovascular disease: a prospective study of 385 292 UK Biobank participants. European Heart Journal. doi:10.1093/eurheartj/ehz849
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