Quel est le fardeau de l’hypertension artérielle (HTA) ? Jusqu’à présent, il n’avait pas été quantifié à partir de données françaises. C’est chose faite avec cette estimation de Santé publique France pour l’année 2021, publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, avec l’espoir d’aider à cibler les actions de prévention et de mieux sensibiliser la population générale.
On considère qu’environ 30 % des adultes sont hypertendus, soit 17 millions de personnes en France. Cependant, seuls 55 % des hypertendus connaissent leur diagnostic, moins de la moitié sont traités, et moins d’un quart ont des pressions artérielles contrôlées.
Dans ce travail, les auteurs ont défini l’HTA par une pression artérielle systolique (PAS) ≥ 140 mmHg ; le fardeau a été évalué en regardant les pathologies pour lesquelles existent des preuves suffisantes d’une relation causale avec l’HTA (cardiopathies ischémiques [CPI], accidents vasculaires cérébraux [AVC] ischémiques et hémorragiques, insuffisance cardiaque, troubles du rythme et de la conduction cardiaque, anévrismes de l’aorte, artériopathies périphériques, maladie rénale chronique [MRC] et démences). Une méthodologie indirecte d’évaluation comparative des risques a été utilisée pour estimer les fractions attribuables (FA) en population à l’HTA pour chacune de ces pathologies.
l’HTA plus fréquente chez les hommes et chez les 55-75 ans
Selon ces nouveaux calculs, la proportion de personnes de plus de 35 ans ayant une PAS ≥ 140 mmHg était de 23,6 % et augmentait avec l’âge et selon le sexe, passant de 2,1 % chez les femmes âgées de 35 à 44 ans à 59,8 % chez les hommes âgés de plus de 65 ans.
L’HTA était particulièrement en cause dans les CPI, les AVC et la MRC : 44,7 % des CPI lui étaient attribuables (soit 1,15 million de personnes concernées, et près de 3 % des adultes de plus de 35 ans), 42,8 % des AVC hémorragiques et 38 % des ischémiques (plus de 452 000 personnes, 1,14 %) , et 36,4 % des MRC (soit 1,26 million de patients). Et quelque 358 000 insuffisants cardiaques (0,90 % de la population de plus de 35 ans) pouvaient mettre leur condition au compte d’une HTA. Bien que moins élevée, la fraction attribuable à l’HTA pour les démences atteignait 14,7 % (190 545 personnes), voire 20 % chez les hommes (deux fois plus que chez les femmes). Alors que jusqu’à présent peu de travaux ont inclus la démence dans l’évaluation du fardeau global de l’hypertension, « les études récentes ont clairement montré une association et sa réversibilité », justifient les auteurs.
En 2021, 36,2 % des hospitalisations pour maladies cardio-neuro-vasculaires ou rénales étaient attribuables à l’HTA, soit 385 000 patients, 400 000 hospitalisations complètes (en majorité pour CPI, AVC, MRC et démence) et 6,2 millions de journées d’hospitalisation (en ajoutant les hospitalisations de jour et les séances de dialyse). Les hommes de 55 à 74 ans sont particulièrement concernés, tandis que chez les femmes, les hospitalisations touchent surtout celles âgées de plus de 75 ans. « Ces hospitalisations mobilisent une quantité importante de ressources et représentent un coût majeur pour le système de santé français. L’HTA a un poids également important sur le secteur ambulatoire, notamment du fait des dialyses. Cela souligne l’importance d’un dépistage précoce de la MRC chez les patients hypertendus afin de ralentir la progression de la MRC », lit-on.
L’HTA à l’origine de 8,5 % de la mortalité totale
En 2021, plus de 55 000 décès étaient attribuables à l’HTA, ce qui correspondait à 8,5 % des décès survenus en France. L’HTA est à l’origine de 30 % des décès liés à une maladie cardio-neuro-vasculaire ou rénale. Cette mortalité était plus élevée chez les hommes avec 30 642 décès attribuables à l’HTA (9,6 % des décès des hommes, et un tiers des décès avant 75 ans) versus 24 638 chez les femmes (7,4 % des décès des femmes).
La principale cause de décès attribuable à l’HTA était la CPI chez les individus âgés de 35 à 64 ans, et la CPI, les AVC et la démence chez les personnes de plus de 75 ans. Les auteurs évaluent à 500 000 le nombre d’années de vie perdues en France à cause de l’HTA, du fait des cardiopathies ischémiques et des AVC.
En conclusion, ils insistent sur l’importance de cibler les hommes, pour les aider notamment à mieux contrôler leur HTA. Plus largement, « la réduction du fardeau de l’HTA repose à la fois sur la prévention primaire — en promouvant un mode de vie sain pour prévenir son apparition ou réduire la pression artérielle chez les personnes hypertendues — et sur le dépistage, l’information et la prise en charge thérapeutique des patients. » Dans son rapport « Charges et produits » pour 2026, rendu public ce 24 juin, la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM) propose de mettre en place le dépistage organisé de l’HTA à l’officine.
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