Grâce à de nombreux registres et observatoires, à l’exploitation des bases de données de l’Assurance-maladie et du Programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI), il est possible de préciser l’épidémiologie de l’insuffisance cardiaque en France. Sa prévalence dans la population adulte atteindrait 2,3 %.
Toutefois, une étude réalisée en 2017 a montré que cette prévalence serait en réalité de 3,6 %, soit le double des estimations officielles, et pourrait atteindre les 2 millions. En termes de pronostic, l’insuffisance cardiaque serait la cause de 7 fois plus de décès que l’infarctus du myocarde et plus de 14 fois plus que les accidents de la route.
Informer, dépister
L’enquête du GICC a également révélé une méconnaissance des signes annonciateurs (essoufflement, prise de poids, œdème et fatigue) dans la population générale… Une campagne d’information a donc été mise en œuvre.
Un dosage des peptides natriurétiques, un ECG et une échocardiographie permettent d’affiner le diagnostic. Une dysfonction systolique est mise en évidence chez environ 25 % des diabétiques. Cela explique que ces patients puissent développer une insuffisance cardiaque à l’occasion d’une rétention hydrosodée modérée en cas de néphropathie ou d’événement coronaire aigu. L’identification précoce des diabétiques à haut risque de développer une insuffisance cardiaque pourrait permettre de mettre en place des stratégies de prévention et de mieux guider le traitement hypoglycémiant. Alors par exemple que les glitazones induisent une rétention hydrosodée, l’empagligflozine, doté de propriétés diurétiques, est associée à un pronostic favorable. Il est à noter que le bénéfice d’une optimisation du traitement a été démontré y compris chez les sujets âgés de 80 ans et plus. La télésurveillance est un autre moyen innovant pouvant permettre de diminuer les conséquences de l’insuffisance cardiaque. Associée à une éducation thérapeutique, elle pourra être proposée après une poussée congestive. « Ortif Cardio », de même, est un outil de télésurveillance du groupe de coopération sanitaire (CGS) Sesan dont l'objectif est d'améliorer le suivi à domicile des patients en insuffisance cardiaque.
Poussée aiguë : et après ?
Le cas particulier de l’insuffisance cardiaque aiguë reste un défi à relever sur le plan thérapeutique. Les auteurs de l’étude TRUE-AHF ont évalué l’intérêt d’un analogue synthétique de l’urodilatine, un peptide natriurétique, l’ularitide. Un effet favorable initial a été constaté, mais après 36 mois de suivi, ni la mortalité cardiovasculaire, ni le critère combiné, ni les taux de réhospitalisations n’ont été significativement améliorés. Dans l’étude ATHENA-HF, l’utilisation précoce et à forte posologie des antagonistes des récepteurs minéralocorticoïdes n’a également pas fait la preuve de son intérêt. Concernant la sérélaxine, enfin, les espoirs suscités par les premières études cliniques n’ont pas été confirmés par les résultats de l’étude RELAX-AHF 2. Les nouvelles recommandations de la Société européenne de cardiologie constituent un point essentiel. Concernant le diagnostic ambulatoire, les auteurs ont insisté sur l’importance du dosage des peptides natriurétiques en première intention. Par ailleurs, la nouvelle classification proposée dans ces recommandations en fonction de la fraction d'éjection distingue dorénavant une nouvelle entité, l'insuffisance cardiaque à fraction d'éjection modérément altérée (mid range, en anglais) définie par une fraction d'éjection ventriculaire gauche comprise entre 40 et 50 %. Concernant l'insuffisance cardiaque à fraction d'éjection préservée, l’algorithme diagnostique a été simplifié dans le nouveau texte : il associe des signes ou symptômes d'insuffisance cardiaque, une FEVG supérieure ou égale à 50 %, un dosage de peptide natriurétique anormal, et une anomalie structurale ou fonctionnelle. Enfin, pour la première fois, les recommandations envisagent l'échographie pulmonaire comme outil diagnostique de la congestion pulmonaire ou de l'épanchement pleural. A noter que l’histoire des progrès n’est pas finie, une équipe ayant des résultats prometteurs avec un inhibiteur des protéines BET, évalué en cancérologie, qui pourrait bloquer l'inflammation et la fibrose.
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